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LA LIBERTE
DE
L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Quand on voit une assemblée qui a encore tant à faire pour l’œuvre de la réorganisation nationale mettre tant de temps et d’ardeur dans l’élaboration d’une loi sur l’enseignement dont rien ne semble démontrer l’urgente nécessité, on est tenté de croire qu’une telle question n’a pu être portée à l’ordre du jour que par l’initiative toujours infatigable d’un parti qui fait passer avant toute chose ses convenances et ses intérêts propres. Cette impression ne serait pas tout à fait juste, et on oublierait que la loi sur la liberté de l’enseignement supérieur ne fait que combler une lacune laissée à regret, mais formellement signalée aux futurs législateurs par les auteurs de la loi de 1850 sur la liberté de l’enseignement primaire et de l’enseignement secondaire. Ce que l’on ignore trop, c’est que l’assemblée actuelle est arrivée à Bordeaux avec les sentimens d’un libéralisme sincère, avec la résolution de réagir contre toutes les institutions, toutes les tendances et toutes les pratiques du gouvernement déchu. Elle avait vu l’abus fait de la centralisation par ce despotique régime, et elle entreprit tout de suite l’œuvre décentralisatrice sur toute la ligne, restituant à la liberté individuelle, comme à la liberté municipale, comme à toute liberté locale, la part légitime que lui avait enlevée l’empire, et même lui faisant plus large cette part, qu’elle trouvait avoir été mesurée d’une main trop avare par les régimes précédens, de façon à continuer l’œuvre des assemblées constituantes de 1789 et de 1848. C’est ainsi qu’on la vit faire cette loi sur les conseils communaux et les municipalités, cette autre loi sur les conseils-généraux, qu’elle semble vouloir regretter en ce moment, sous la récente impression des progrès du