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en toute hâte. Jetant un coup d’œil désolé sur tout ce qu’il laissait derrière lui, il partit en portant dans ses bras la Clytie, jusqu’à la voiture qui l’emmenait. « Il faut bien, disait-il, que je prenne soin de ma femme. » On est d’accord pour reconnaître aujourd’hui dans la prétendue Clytie l’image idéalisée d’une matrone romaine du siècle d’Auguste. Une tête colossale d’Hercule, qui a été recueillie au pied du Vésuve, paraît reproduire le type, célèbre dans l’antiquité, de l’Hercule de Lysippe ; elle est d’un style plus libre et plus hardi que celle de cet Hercule Farnèse qui est au musée de Naples et dont nous avons une excellente copie dans le jardin des Tuileries. L’effort de l’artiste pour rendre la puissance musculaire du dieu n’aboutit point ici, comme dans l’œuvre de Glykon, à quelque chose de brutal et presque de bestial. Plus loin, une tête barbue dont les yeux sont levés au ciel avec une expression très marquée d’angoisse doit provenir d’un groupe dont le sujet n’a pu être encore déterminé ; quoi qu’il en soit, elle a bien le caractère d’un portrait, et rappelle tout à fait certaines têtes royales gravées sur les monnaies des Séleucides, des Antigonides et autres successeurs d’Alexandre : c’est un bel échantillon de l’art des temps macédoniens. Beaucoup aussi de bas-reliefs, dont plusieurs sont curieux soit par le sujet qu’ils représentent, soit par certaines particularités d’exécution. De tous, celui qui a provoqué le plus de discussions et de commentaires, c’est l’Apothéose d’Homère, signée du nom d’ailleurs inconnu d’Archélaös de Priène. Ce marbre a pour nous un intérêt tout spécial ; Ingres y a trouvé l’idée première et plusieurs des motifs de cette grande page dont certains détails peuvent prêter à la critique, mais qui n’en reste pas moins un des chefs-d’œuvre de la peinture moderne. Là, comme dans beaucoup d’autres de ses tableaux les plus admirés, cet esprit singulier, à la fois timide et hardi, imitateur et original, est parti d’une de ces données qu’il empruntait à ses maîtres chéris, à l’antique ou bien à Raphaël ; pourtant, grâce à la sincérité de sa passion pour le beau, grâce à l’expressive noblesse de son dessin, il n’en a pas moins réussi à produire une composition vraiment personnelle et puissante. L’œuvre d’Archélaös, qu’elle soit des temps macédoniens ou romains, est d’ailleurs par elle-même assez médiocre ; il y a une maladroite recherche du pittoresque, un trop grand nombre de plans et de personnages superposés.

Nous ne descendrons pas dans le sous-sol, dont l’escalier se creuse à l’extrémité méridionale de ces galeries gréco-romaines. Ce n’est point que les objets qui y sont groupés soient dénués d’intérêt : il y a là surtout des mosaïques rapportées d’Halicarnasse et de Carthage qui mériteraient d’être étudiées. Cette étude serait