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LE DERNIER INCIDENT
DU PROCES ARNIM

Pro nihilo, Vorgeschichte des Arnim’schen Processes, erstes Heft, Verlags-Magazio, Zurich 1876.

Un conservateur prussien, domicilié, paraît-il, à Potsdam et dont on n’a pas encore découvert le nom, vient d’entreprendre la défense du comte Arnim. Il a baptisé son apologie du titre de Pro nihilo, parce qu’il se proposait de réduire à néant les inculpations dont on a chargé l’ex-ambassadeur d’Allemagne à Paris et de faire annuler par le tribunal de l’opinion le jugement qui l’a frappé. Tout porte à croire qu’il s’était assuré au préalable l’assentiment et l’aveu du principal intéressé. Il a obtenu de lui la communication de quelques document confidentiels demeurés inconnus jusqu’à ce jour ; quelques-unes de ces pièces méritent de figurer à côté des célèbres dépêches et des mémorables rapports qui avaient été lus au cours du procès, et qu’une indiscrétion calculée a mis sous les yeux de toute l’Europe. L’avocat très subtil, très véhément et très anonyme qui vient d’entrer en campagne et s’est efforcé de démontrer qu’il n’y a plus de juges à Berlin, a-t-il servi efficacement la cause de son client ? a-t-il réussi à dissiper les préventions dont le comte Arnim était l’objet ? En lisant le Pro nihilo, les adversaires du spirituel ambassadeur ont-ils été émus de pitié ou atteints d’un secret remords ? Il n’y a pas d’apparence, et l’apologiste visait à un autre but. Il n’ignorait pas que l’humilité d’un recours en grâce et un acte solennel de contrition auraient pu seuls attendrir des juges qui ne passent pas pour être enclins à l’attendrissement, et s’il est vrai que la contrition parfaite consiste, au dire des théologiens, « en une douleur