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avaient permis l’achat de plusieurs séries importantes d’échantillons de minéralogie ; mais le legs de sir Joseph Banks, en 1827, eut une bien autre importance. En même temps que ses livres, le musée recevait son herbier, où étaient venus s’absorber, par des acquisitions répétées, ceux de plusieurs botanistes célèbres. On prit avec intelligence et décision les mesures nécessaires pour que les libéralités de Banks portassent des fruits qui fissent honneur au pays ; on créa pour la botanique un département spécial, dont le premier titulaire fut M. Brown, collaborateur et ami de sir Joseph Banks.

Une réforme opérée en 1809 avait partagé le musée en quatre départemens, placés chacun sous la direction d’un conservateur (keeper)[1], livres imprimés, manuscrits, antiquités, histoire naturelle, le jour était venu où il fallait opérer de nouveaux démembremens. Le nombre des visiteurs s’accroissait en même temps que la richesse des galeries. On sentait de plus en plus la nécessité de placer à la tête de chacune des provinces de ce royaume scientifique un homme vraiment spécial, qui en connût les ressources et les besoins, qui en mît les trésors à la portée des travailleurs. Les fonctions du directeur-général et des conservateurs avaient cessé d’être d’honorables sinécures. Le quatrième bibliothécaire en chef, Joseph Planta (1799-1827), avait surtout pris à cœur de faciliter aux curieux l’accès du musée ; il avait, par degrés, obtenu du conseil la suppression de toutes les précautions puériles, de toutes les restrictions gênantes, suppression qui avait exigé une augmentation sensible du personnel. Ce fut sous lui que les galeries d’exposition, comme les salles d’histoire naturelle et d’antiquités, devinrent vraiment publiques. En 1827, quand la mort l’enleva à ses fonctions, le musée était ouvert trois jours par semaine à tout venant, mais cela seulement pendant quarante des semaines de l’année ; c’était encore un bien long chômage. Pourtant le nombre des visiteurs avait cru rapidement. Avec le système des billets, en 1807, on en avait compté 13,046 ; j’en trouve 31,309 en 1812, 79,131 en 1827. De même pour la salle de lecture : au commencement du siècle, elle ne recevait pas 200 personnes par an ; on en admit 1,950 en 1810, 4,300 en 1815, 8,820 en 1820, et 22,800 en 1825. La progression est ici plus rapide encore et plus frappante. Le nombre des volumes que renfermait la bibliothèque, sans compter les manuscrits, était évalué en 1827 à 150,000. Là, comme dans tout le reste de l’édifice, la place manquait, elle manquait pour les livres, elle manquait pour les antiquités et les objets

  1. C’est le terme qui a prévalu dans l’usage ; mais à l’origine chacun de ces chefs de département portait le titre de sous-bibliothécaire (under-librarian).