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ou de New-Almaden de Californie. Toutes ensemble, les diverses mines qu’on vient de citer ne dépassent pas dans leur rendement annuel 250,000 kilogrammes ou le sixième de ce qu’une seule des deux autres peut fournir dans une bonne année d’exploitation.

Telle est cette région heureuse qui court des bords du Missouri au rivage da Pacifique, et qui se développe principalement sur les flancs des Montagnes-Rocheuses, des monts Wahsatch et de la Sierra-Nevada, région féconde en mines de tout genre, surtout en mines de métaux précieux. En 1874, ces mines ont produit pour une valeur totale de 365 millions de francs d’or et d’argent, dont 130 millions en or ; c’est la moitié de tout ce que le globe fournit. L’Australie, la Sibérie, ont livré chacune environ 100 millions d’or, et les mines de l’Amérique espagnole la même somme en or et en argent, dont 80 millions de ce dernier métal. Tous les autres pays ont extrait à leur tour pour une valeur de 60 à 70 millions des deux métaux précieux. Le chiffre afférent aux États-Unis est le plus fort que l’on y ait jusqu’ici obtenu, et il est certain qu’il sera encore dépassé en 1875. Quelques-uns des pays miniers comme la Californie, après avoir atteint le maximum, produisent moins chaque année ; d’autres, comme le Nevada, l’Utah, rendent toujours davantage ; non-seulement il y a compensation, mais dans l’ensemble le total monte, monte sans cesse. Ne l’oublions pas, c’est surtout aux institutions libérales dont tous ces états et territoires jouissent, à la facilité qu’on y trouve à exploiter une mine à peine découverte, au peu de règles restrictives imposées au travail industriel, au bon accueil qu’on fait aux immigrans, à la possibilité pour tous d’occuper immédiatement des terres et de les cultiver, c’est à tant d’avantages réunis que ces divers états et territoires ont dû surtout leur développement si prodigieux. Tirons-en pour nous-mêmes une leçon profitable à l’amélioration de nos colonies et comme un encouragement pour nos affaires, car une partie de cet or ou de cet argent nous arrive soit en lingots, soit en monnaie. Si jamais quelque économiste, inquiet da développement inusité que les échanges prennent autour de nous, craignait que l’or et l’argent ne vinssent à manquer aux transactions, qu’il se rassure : les gisemens des États-Unis, disséminés au voisinage du Pacifique, sont chaque jour plus productifs, plus étendus, et sont loin d’avoir donné toute leur mesure. Le mot que le président Lincoln a prononcé à propos de ces mines si fécondes se vérifie de plus en plus : « c’est là qu’est le trésor du globe ! »


L. SIMONIN.