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importantes que leurs aînées, celles du Nevada. Quant à la fertilité de celles-ci, elle dépasse tout ce qu’on avait vu jusqu’à ce jour, fût-ce aux époques les plus productives de la colonisation hispano-américaine. Prises ensemble, les mines du Mexique, de la Bolivie, du Pérou, du Chili, ne viennent qu’après celles de Virginia-Gity et ne les suivent même que de très loin. Au temps de l’antiquité grecque, les fameuses mines du Laurium dont parlent tous les auteurs, Thucydide, Démosthène, Aristophane, elles qui formaient le plus beau revenu de la république d’Athènes, et qui, retrouvées de nos jours, ont fait tant parler d’elles, ces mines n’ont jamais fourni, même sous Périclès, où elles furent le mieux exploitées, une quantité de lingots d’argent comparable à celle qu’on extrait de certaines mines du Nevada. Le rendement de cette seule région atteindra 200 millions de francs en 1875. Récemment les plus volumineux amas de minerai massif ont été rencontrés dans la célèbre veine de Comstock, la plus riche du pays, près de Virginia-City. Cette découverte est bien autrement importante que celle autour de laquelle on a fait depuis deux ou trois ans tant de bruit, celle des mines de Caracoles, dans le district d’Atacama, sur la frontière qui sépare le Chili de la Bolivie. Là, comme c’est l’habitude partout, les mineurs se sont portés en foule sur les nouveaux gisemens et s’en sont disputé une part. Il y a eu des milliers de concessions délimitées alors qu’il n’aurait dû y en avoir qu’une centaine, et qu’une dizaine seulement de ces mines devaient fournir une campagne régulière.

Le Nevada n’a pas échappé à ces sortes d’excitations, d’abord à ses débuts, ensuite à diverses reprises. J’ai assisté en 1859 au premier exode vers ce qu’on appelait alors les mines de Washoe, qui manquèrent de dépeupler la Californie, et en 1868 à une seconde poussée des pionniers. En avant! tel est resté leur cri. C’était à White Pine, vers la limite orientale de l’état, un lieu qui n’était pas encore marqué sur les cartes et qui depuis est devenu fameux. Malgré les froids, qui furent précoces et qui à ces hauteurs et sous ce climat particulier sont très vifs, les settlers campèrent bravement tout l’hiver sur les nouveaux filons. Les rigueurs des hivers suivans ne les découragèrent pas davantage. Un certain nombre de ces exploitations ont prospéré, les autres ont dû être abandonnées. Le mineur reste rarement en place, et comme le joueur tente de toute façon la fortune, jusqu’à ce qu’elle lui sourie; mais dans ce jeu, tout de hasard, que de joueurs éternellement malheureux, si quelques-uns sont favorisés outre mesure!

L’exploitation des mines métalliques passe par des péripéties étranges. A la fin de 1874, une découverte inespérée, faite dans le