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Dans le four de Brückner, la chloruration suit le grillage du minerai. C’est aussi par la chloruration que l’Allemand Plattner traite les minerais d’or rebelles, et son procédé, comme celui de M. Pavot, était appliqué dans le comté de Nevada il y a quelques années; il l’est sans doute encore. Par le procédé de Plattner, on grille le minerai sulfuré dans un four à réverbère à deux soles ou aires planes consécutives, sur lesquelles on étend la matière à oxyder, puis on attaque par le chlore en dissolution les sulfures entièrement grillés. Le chlore est produit d’abord à l’état gazeux au moyen de l’oxyde de manganèse, du sel marin ou chlorure de sodium et de l’acide sulfurique. Le chlorure d’or est mis en présence d’une solution de sulfate de fer. Cette substance dégage le précieux métal de sa combinaison peu stable; il se forme du chlorure de fer au lieu de chlorure d’or, et l’or, remis en liberté, tombe à l’état de poudre noirâtre au fond des bassines servant à l’expérimentation. On recueille cette poudre, on la fond dans un creuset, on la coule dans une lingotière, et l’on obtient une barre d’or métallique entièrement pur. Tel est le procédé allemand, qui a été appliqué aussi sur quelques autres mines, par exemple celles du Colorado.

Diverses expériences, qu’il suffira de rappeler en passant, ont été également tentées depuis quelques années dans le traitement des minerais d’or sulfurés. On est allé jusqu’à s’adresser à l’électricité pour les espèces les plus réfractaires. Le fluide mystérieux favorise l’association ou la désunion des corps, et on lui a prêté un instant le don de rendre possible l’amalgamation de tous les minerais d’or ou d’argent. Nous avons assisté à quelques-uns de ces essais, entièrement abandonnés depuis, entre autres ceux que tentèrent deux Français, MM. Nolf et Pioche, à San-Francisco. Que d’espérances ne fondaient-ils pas sur leur réussite ! Ils oubliaient que les procédés de laboratoire, trouvés le plus souvent par des théoriciens éloignés des mines, par des savans de cabinet qui n’ont jamais vu les exploitations et n’en connaissent point les exigences économiques, ne constituent pas des opérations métallurgiques de même nature que celles qu’on exécute quotidiennement. Ces naïfs chercheurs passaient sous silence une chose, le prix de revient de la matière qu’ils entendaient produire, et c’est à cela surtout qu’il aurait fallu viser. Nous en avons entendu un autre, tout fier de sa découverte, qui de Paris comptait en remontrer aux Californiens, et traiter les quartz aurifères dans des fours avec la litharge, sans se rendre compte de la difficulté de fondre ces grandes masses de silice, du coût de la litharge, dont l’application n’est pas celle-là, et du prix élevé des matériaux, de la main-d’œuvre et du combustible en Californie. Plus d’un médecin, parce qu’il était un peu