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mines d’or et d’argent du Colorado et des autres territoires attachés aux flancs des Montagnes-Rocheuses ou de la chaîne des monts Wahsatch. Le rendement de ces nouvelles mines comble le déficit de celles de la Californie; prise dans son ensemble, la production des deux métaux précieux suit même une progression ascendante.


II. — LES NOUVEAUX PLACERS CALIFORNIENS.

La troisième période de l’exploitation de l’or est peut-être la plus curieuse et toute pleine d’enseignemens, si elle n’est pas la plus productive. Elle commence à 1870 et se continue sous nos yeux. C’est l’étape actuelle, celle où les gisemens jusqu’ici à peine explorés, les placers souterrains d’époque diluvienne ou glaciaire, — les autres, les placers superficiels, appartiennent à l’époque alluviale ou contemporaine géologiquement parlant, — sont attaqués, avec une audace et une patience qui étonnent, par le moyen de la méthode hydraulique perfectionnée. Nulle part on ne recule devant la dépense. Les compagnies les plus puissantes se fondent, afin de poursuivre et de mener à bien ces immenses travaux, qui exigent des avances considérables. On construit des canaux sur des centaines de kilomètres au milieu de difficultés de tout genre, non plus des canaux de faible débit, mais dont le volume d’eau est tel qu’il pourrait suffire à l’alimentation d’une grande ville. Le jet hydraulique que fournissent ces masses aqueuses acquiert une puissance décuple de celle qu’il avait dans les exploitations précédentes; la force en est irrésistible, toute roche est démolie par lui. Est-ce tout? On jette en travers des vallées d’énormes digues pour emmagasiner les pluies qui tombent si abondamment en automne et en hiver, et avec ces vastes réservoirs abreuver les canaux toute l’année. Ce qu’un état n’oserait tenter, de simples particuliers le font, grâce à la législation libérale qui régit ici le travail des mines, grâce à l’esprit d’association qui règne partout dans ce pays de seIf-government.

Avant d’aborder de front les nouveaux placers, on les rejoint, on les sonde par des puits, par de longues galeries, foncés sur les plateaux ou au flanc des collines. Ces galeries, véritables tunnels, dépassent souvent 1 kilomètre en longueur. L’exécution en dure plusieurs années et coûte, si la roche est rebelle, un prix excessif, au-delà de 1,000 francs le mètre d’avancement. Le gîte une fois reconnu, il faut l’abattre. On l’éventre par une galerie beaucoup plus courte. De l’extrémité intérieure de celle-ci s’en détachent deux autres à angle droit, de manière à donner à tout l’ouvrage la forme d’un T. On dispose méthodiquement dans l’excavation plusieurs