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LA LITTERATURE
ET
LES MALHEURS DE LA FRANCE

I. Actes et Paroles. — Avant l’exil, par M. Victor Hugo. — II. Histoire du romantisme, par M. Théophile Gautier.

C’est par la politique et par la guerre que la France a été mise à mal ; mais ce serait une étrange méprise de ne voir que la guerre et la politique dans les catastrophes dont la France a été la victime. Ces catastrophes sont infiniment plus compliquées. Tout se lie dans ces formidables événemens, et ce qui n’apparaît que comme un désastre des armes est tout aussi bien une défaite de l’esprit, des forces morales d’une nation. C’est la crise suprême et douloureuse d’une société qui la veille encore pouvait se croire florissante, qui avait l’orgueil d’un ascendant presque illimité, et qui le lendemain s’aperçoit qu’elle a tout perdu, qu’elle a tout à refaire, sa fortune morale et intellectuelle avec sa fortune militaire et politique. Un jour, au point culminant du dernier règne, à ce moment de l’exposition de 1867, où l’empire s’efforçait de couvrir de tous les fastes extérieurs le travail de dissolution qui le minait, lorsque les courtisans conduisaient M. de Moltke au haut des buttes Chaumont pour lui montrer le panorama de la première ville de l’univers, un ministre aux bonnes intentions avait imaginé de demander à des écrivains une série de rapports constatant les « progrès » des sciences, des lettres et des arts. Il voulait avoir ce qu’il appelait « un arrêté