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New-Almaden de Californie a fait pâlir pour toujours l’Almaden d’Espagne, exploité depuis les Phéniciens. Est-il besoin de rappeler que l’Australie elle-même n’a jamais produit plus d’or que la Californie ? Et toutes les mines de l’Amérique espagnole, hier encore si réputées, ont-elles jamais donné une quantité annuelle d’argent égale à celle que fournit aujourd’hui le seul état de Nevada ? En vérité, quand on réfléchit à ces choses, on est conduit à se demander s’il y a là un simple phénomène de hasard, ou si la nature, qui semble ne rien faire en vain, avait quelques vues secrètes lorsqu’elle favorisait avec une préférence si marquée la partie du continent américain où devaient s’asseoir et s’étendre un jour les États-Unis.


I. — LE CHARBON.

Si l’on jette un coup d’œil sur la carte géologique qui accompagne le dernier volume du neuvième recensement des États-Unis, récemment publié par le gouvernement fédéral, on remarque une énorme tache noire courant dans la direction des monts Alleghany ou Appalaches, qui est celle des côtes de l’Atlantique, et traversant les états de Pensylvanie, Ohio, Maryland, Virginie, Kentucky, Tennessee, Alabama. Trois autres taches, dont une est plus étendue encore que la première et situées toutes les trois en arrière de celle-ci, empâtent la moitié de l’état de Michigan, ceux d’Illinois et d’Indiana, enfin ceux de Missouri, Iowa, Kansas, Arkansas et Texas. C’est là l’indication conventionnelle de la surface occupée par les principaux bassins houillers des États-Unis. Si l’auteur n’a pas fait mention d’autres gîtes carbonifères, c’est que la faible étendue de quelques-uns de ces gîtes relativement aux premiers aurait à peine permis de les indiquer par un point sur la carte. Ces dernières mines s’étendent entre autres au pied des Montagnes-Rocheuses dans l’état de Colorado, ou sont disséminées le long du grand chemin de fer du Pacifique à travers les territoires de Wyoming et d’Utah. Il faut noter enfin celles qui gisent dans l’Orégon ou en Californie, au pied du Mont du Diable, près de la baie de San-Francisco.

Les gisemens de Pensylvanie sont de beaucoup les plus renommés, les plus productifs. A lui seul, cet état extrayait en 1872 environ les trois quarts de tout le combustible que fournissait l’Union, et les deux tiers de sa production totale, qui était alors d’environ 30 millions de tonnes[1], se composaient de charbon anthraciteux. L’anthracite ou charbon de pierre proprement dit, — à la houille friable, bitumineuse, doit seul être réservé le nom familier de charbon de terre, — l’anthracite n’est exploité qu’en Pensylvanie en

  1. La tonne américaine et anglaise est de 1,016 kilogrammes.