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permet de mesurer les petites distances avec une prodigieuse précision. Fraunhofer avait simplifié l’appareil de Bouguer en se contentant d’un seul objectif coupé par le milieu, dont les deux moitiés peuvent glisser l’une devant l’autre, ce qui équivaut à l’emploi de deux objectifs distincts. La perfection des instrumens construits par cet opticien et l’habileté éprouvée d’un observateur tel que Bessel étaient certes des garanties sérieuses de l’exactitude du résultat obtenu. Un astronome non moins célèbre, M. Peters, avait d’ailleurs observé la même étoile à Poulkova, et ses propres mesures s’accordaient à merveille avec celles de Bessel. En 1853, une nouvelle confirmation vint encore corroborer la confiance qu’inspirait la parallaxe en question : un astronome anglais, Johnson, avait trouvé un chiffre assez peu différent (0,42 de seconde) à l’aide de l’héliomètre dont l’observatoire d’Oxford venait d’être doté. On ne fit donc pas d’abord grande attention au résultat qu’annonça l’année suivante M. Otto Struve, l’éminent directeur de l’observatoire de Poulkova, dont les mesures prouvaient que la parallaxe de Bessel devait être, augmentée de moitié et portée à 52 centièmes de seconde ; mais les recherches de M. Auwers ont mis hors de doute que ce dernier chiffre est seul exact, et que, chose bizarre, les observations de Bessel se partagent nettement en deux périodes, dont la première donne une parallaxe trop, petite et la seconde un nombre qui diffère à peine de celui de M. Struve. Il n’était pas sans utilité de raconter les péripéties par lesquelles a passé la recherche de cette parallaxe, — la mieux connue de celles qui ont été déterminées jusqu’à présent, — car elles montrent combien sont ardus les problèmes sur lesquels s’exerce aujourd’hui la sagacité des astronomes. Sans compter les premiers essais infructueux tentés par Arago et par Lindenau dès 1812, puis par Bessel lui-même en 1815, cette parallaxe a depuis quarante ans occupé cinq des premiers astronomes de notre temps, et malgré tant d’efforts on n’est encore arrivé qu’à expliquer par des hypothèses les causes du désaccord de leurs résultats.

En adoptant comme la plus sûre la détermination de M. O. Struve, on aurait pour la 61e du Cygne une distance que la lumière met 6 ans 1/2 à franchir. La même distance est assignée par M. Winnecke à une autre étoile assez faible. L’étoile la plus rapprochée de nous paraît être jusqu’ici Alpha du Centaure, pour laquelle Henderson et Maclear, qui se sont succédé à l’observatoire du Cap, ont trouvé une parallaxe d’environ 1 seconde, qui correspond à 3 ans. On a essayé le même calcul pour une quarantaine d’étoiles : il nous suffira de dire que la distance de la brillante étoile Véga, d’après Johnson et O. Struve, serait représentée par 22 ans, celle de Sirius par 16 ans, celle de la Polaire, d’après M. Peters, par 36 ans. Ce sont