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garantissaient les agens contre les chances d’insolvabilité. La multiplicité des titres dont l’appréciation devint de plus en plus difficile, l’énormité des opérations et des engagemens qui en résultent, ont fait maintenir une mesure profitable sans doute aux officiers ministériels, dont elle a doublé la rémunération (le courtage ayant été maintenu pour chaque liquidation de quinzaine au prix antérieurement perçu pour les opérations mensuelles), mais elle a profité aussi aux cliens en leur donnant une sécurité justifiée par de si longues années de fidélité aux engagemens pris.

Ce serait entrer trop avant dans le détail technique que de mentionner chacune des phases d’une liquidation, réponse des primes, cours de compensation, reports, jours de paiement à l’agent ou par l’agent, livraison des titres, etc. ; notons seulement ce fait que la liquidation des opérations à terme donne lieu à la remise par chaque agent de change à la chambre syndicale d’un état particulier indiquant le solde des valeurs et des sommes qu’il doit recevoir ou livrer : il en résulte une compensation entre eux, faite par les soins de la chambre syndicale, et cette mesure a pu justement passer, à l’aide des mandais de virement sur la Banque de France, pour le modèle sur lequel se sont établies même en Angleterre les chambres de compensation pour paiemens et recettes à faire entre négocians. La compensation entre tous les soldes des liquidations particulières doit établir une conformité parfaite, sans quoi la chambre syndicale suspendrait toutes les répartitions. Jamais ce dernier cas ne s’est présenté, et même dans les plus mauvais jours, comme à la liquidation de juillet 1848, où l’on a dû subir un cours de compensation forcé moins bas que les cours ne l’établissaient eux-mêmes afin de rendre le paiement des pertes possible en les atténuant, l’accord s’est toujours trouvé établi entre tous les agens soit par des paiemens réguliers, soit par des accords intervenus.

Mais à quoi bon cette organisation si forte, ces précautions prises pour régulariser les conséquences d’opérations non reconnues par la loi ? Pourquoi une corporation si riche, si soucieuse de mettre à l’abri de toute suspicion la responsabilité de ses membres dans les marchés à terme dont il leur est défendu de répondre ? Parce que ces marchés à terme, suspects d’abord et pendant longtemps réputés à bon droit dangereux, ont fait leurs preuves d’utilité pratique, de nécessité même au point de vue de la négociation des valeurs mobilières. Il faut être bien inexpérimenté dans le maniement de ces intérêts qui touchent aujourd’hui tout le monde, les grands et les petits et encore plus ceux-ci que ceux-là, pour ne pas savoir que sans le marché à terme les acquisitions et les ventes d’effets mobiliers présenteraient les plus graves difficultés et donneraient