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LES INONDATIONS

DU BASSIN DE LA GARONNE


Les événemens qui vers le milieu de l’année 1875 ont pesé si inopinément sur le midi de la France sont encore présens à tous les esprits. Toute la région sous-pyrénéenne qui embrasse le cours supérieur et moyen de la Garonne, ainsi que les vallées qui y débouchent, ont été le théâtre d’un de ces cataclysmes qui épouvantent les nations et dont nos annales n’offrent pas d’autres exemples depuis celui qu’a décrit notre plus ancien chroniqueur, Grégoire de Tours. En quelques heures, une cité de 20,000 habitans, Saint-Cyprien, qui n’est séparé de Toulouse que par la largeur du fleuve, ne présentait plus qu’une vaste nécropole. Il en était de même des petites villes situées sur les rives de la Garonne ou de ses affluens. Près de 7,000 maisons s’écroulaient sous la pression des flots, et plusieurs milliers de personnes, sans abri contre le froid et les pluies torrentielles, Voyaient leurs champs ravagés, leurs maisons détruites, et, chose plus lamentable encore, quelques-uns des leurs ensevelis sous les débris des habitations ou entraînés par les eaux. Puis les torrens rentraient dans leurs lits, et chacun put contempler l’énormité des désastres et se rendre compte de l’étendue de sa ruine. Cependant la France s’émut au premier cri d’alarme, et, suivant le généreux exemple donné par l’assemblée nationale et le président de la république, elle n’eut qu’une même pensée, voler au secours des victimes. Grâce à cet élan spontané de la nation, après les premiers soins apportés à ceux qui se trouvaient sans abri, sans pain, sans vêtemens, on s’occupa de leur venir en aide d’une façon plus durable en reconstruisant leurs demeures et en leur fournissant les instrumens nécessaires pour reprendre le travail. Les enquêtes administratives nous ont révélé le nombre des victimes et le chiffre des pertes essuyées par les départemens at-