Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 11.djvu/425

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

incapables de suffire à des circonstances nouvelles. Le faux libéralisme, l’incrédulité, la haine de l’église, avaient tout envahi. Sous la croûte superficielle de l’union de l’église et de l’état ou même de la subordination de l’état à l’église, la lave révolutionnaire avait creusé son lit et consumait en silence les âmes dont elle avait fait sa proie (mouvement). Au premier choc, tout a croulé, tout, et pour ne plus jamais se relever. Ces paradis de l’absolutisme religieux sont devenus le scandale et le désespoir de tous les cœurs catholiques. » (Mouvement général d’adhésion. Applaudissemens.)


En regard de ce tableau, l’orateur montre les progrès que le catholicisme réalise tous les jours dans les pays où il ne peut invoquer que le bénéfice du droit commun, où il est exposé sans protection, sans privilège d’aucune sorte, à la concurrence des autres cultes, en Belgique, en Angleterre, aux États-Unis. Il fait ressortir encore la supériorité morale des triomphes de la religion catholique dans les pays « où tout est permis contre elle » sur l’empire « équivoque et éphémère » qu’elle a dû ailleurs à l’emploi de la force ; puis il conjure les catholiques de renoncer à ce système de protection décevant et funeste, il les conjure d’entrer dans la société moderne sans arrière-pensée, sans esprit de retour, et de se conduire de telle sorte que personne n’ait le droit de révoquer en doute leur sincérité.


« N’ayons pas les apparences de vouloir nous introduire dans la société moderne en arborant ses couleurs, en invoquant ses principes, en réclamant des garanties tant que nous sommes les plus faibles, afin de pouvoir nous retourner à un jour donné contre les droits de nos adversaires sous prétexte que l’erreur n’a pas de droits. Après avoir dit en d’autres temps : « L’église ne demande rien de plus que là seule liberté, la liberté de tout le monde » (Univers, mars 1848), ne nous laissons jamais entraîner à dire sous l’empire d’une protection illusoire : L’église seule doit être libre… Comment ne voit-on pas qu’agir ainsi, parler ainsi, c’est fournir aux ennemis, aux faux libéraux, précisément le prétexte dont ils ont besoin contre nous ?

« C’est colorer, je dis mieux, c’est autoriser, c’est justifier toutes les exclusions, toutes les oppressions, toutes les iniquités dont ils ne se feront pas faute pour nous empêcher d’acquérir ou de jouir pleinement et paisiblement de la liberté dont on leur annonce d’avance qu’on les privera dès qu’on sera plus fort qu’eux. (Mouvement général d’adhésion.)

« Oui, catholiques, entendez-le bien, si vous voulez la liberté pour vous, il vous faut la vouloir pour tous les hommes et sous tous les deux. Si vous ne la demandez que pour vous, on ne nous l’accordera