Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 11.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



31 août 1875.

Pendant que les Allemands font de l’histoire selon, les rêves de leur orgueil à propos de la forêt de Teutobourg, d’Arminius le Germain et des Welches, pendant que la diplomatie européenne tourne autour de l’Herzégovine et de l’Orient troublé, la France, se laisse aller volontiers à ce courant de paix intérieure qui répond à ses goûts comme à ses intérêts. La session des conseils-généraux a occupé quelques jours sans provoquer de bien vives émotions. M. le ministre de la guerre, qui était récemment à Contrexeville profite de l’automne pour expérimenter la loi militaire, pour appeler les réservistes de l’armée sous le drapeau pendant quelques semaines, sans avoir pour cela le projet d’aller de sitôt venger les légions de Varus. M. le président de la république va ouvrir la chasse dans ses terres du Loiret après avoir reçu de son mieux les princes de l’Europe qui n’ont pas oublié le chemin de Paris, qui sont venus visiter l’exposition géographique. M. le ministre des affaires étrangères, qui vient de Bretagne, va partir pour le Bordelais. M. le vice-président du conseil se propose de se rendre dans les Vosges, et M. le garde des sceaux n’est point encore revenu de la Saintonge. Le gouvernement prend ses distractions ou refait sa santé comme l’assemblée. C’est tout au plus si la solitude du palais de Versailles est hantée de temps à autre par une commission de permanence s’évertuant à chercher des sujets de conversation qu’elle ne trouve pas toujours. C’est ce qu’on pourrait appeler une politique de vacances, politique assez peu accidentée à vrai dire, s’il n’y avait les discours de banquets, les polémiques de journaux, les manifestes de fantaisie et les congrès de toute sorte prolongeant ou ravivant des questions qui étaient la préoccupation d’hier, qui seront la préoccupation de demain.

On a beau faire, les vacances sont pour tout le monde, excepté pour l’esprit de parti, qui ne prend jamais de congé, même lorsqu’il va en vil-