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L’ANGLICANISME LIBÉRAL

LES MÉMOIRES D’UN THÉOLOGIEN ANGLICAN

The Life and Letters of Rowland Williams, D. D. (Vie et Correspondance de Rowland Williams, docteur en théologie), édités par sa veuve, 2 vol. in-8o, Londres 1874. Henry S. King et Cie.

Les lecteurs qui s’intéressent aux questions religieuses contemporaines se rappelleront peut-être l’esquisse que nous avons tracée ici même des partis qui divisent de nos jours l’église établie d’Angleterre[1]. Entre l’évangélisme calviniste plus ou moins puritain et le ritualisme aux allures romanisantes, nous avions signalé l’existence d’un parti moins raide que le premier, plus spiritualiste que le second, et qui, sous le nom de broad church ou d’église large, cherchait à rendre l’anglicanisme plus national, plus scientifique, surtout plus compréhensif des diversités individuelles. Dans un temps comme le nôtre, où la plupart des églises chrétiennes, dominées par un paroxysme d’intolérance et de superstition, deviennent de plus en plus fermées aux hommes de pensée libre et d’idées généreuses, il peut être instructif de savoir à quelles conditions, sous quelles formes un esprit plus charitable et plus large est parvenu à se faire jour dans une des églises les plus importantes par le nombre, l’influence sociale et la force de ses traditions. N’oublions pas que, malgré ses pertes récentes, l’église anglicane est encore une très grande puissance. Ce n’est pas précisément par son libéralisme qu’on la connaît sur le continent : elle a la réputation d’être aussi rigide en matière de doctrine que formaliste en fait de coutumes. cette opinion n’est pas sans fondement, mais elle est incomplète. Il y a aussi un libéralisme anglican, très digne d’être

  1. Voyez la Revue du 15 mars dernier.