DE LA POÉSIE CHRÉTIENNE
LES APOCRYPHES ET LES SYBILLINS.
On a mis depuis cinquante ans une grande ardeur à étudier l’histoire des premiers siècles du christianisme. De remarquables travaux de détail ou d’ensemble ont été publiés sur cette époque obscure, et l’on peut dire qu’après les recherches patientes des érudits de l’Allemagne, la publication des Philosophumena par M. Miller, l’exploration des catacombes par M. de Rossi, elle est aujourd’hui bien mieux connue. La théologie n’a pas seule profité de ces découvertes : pendant qu’on cherchait à résoudre certaines questions qui paraissaient plus importantes, d’autres, dont on était moins préoccupé, se sont trouvées fort éclaircies. Il est arrivé que ces études, entreprises dans des intentions uniquement dogmatiques, ont jeté beaucoup de lumière autour d’elles et sur des points qui leur semblaient d’abord étrangers ; elles ont surtout fait mieux connaître les origines de la littérature et de l’art chrétien. C’est ce que je voudrais montrer par un exemple.
La poésie chrétienne a éprouvé à ses débuts des fortunes assez surprenantes : elle est née, elle a grandi beaucoup plus tard qu’on