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sèment donc sur leur route la poussière des élémens dont elles sont formées. L’analyse spectrale nous renseigne amplement sur la nature de ces élémens. Le spectre de toutes les comètes qui ont été analysées consiste principalement en un certain nombre de bandes lumineuses brillantes, séparées par d’assez larges intervalles obscurs ; les comètes à noyau donnent en outre un spectre continu très faible sur lequel se projettent les bandes lumineuses. On peut en conclure que la nébulosité, c’est-à-dire la queue et la chevelure, est formée de gaz à l’état incandescent ; quant au noyau, lorsqu’il existe, le spectre continu pourrait faire supposer qu’il se compose d’une matière liquide ou solide incandescente, mais la faiblesse de la lumière ne permet pas d’affirmer que ce spectre en apparence continu ne renferme point de raies noires, et dans ce cas ce serait simplement la lumière réfléchie du soleil. Au point de vue chimique, la constitution de la matière cométaire est peu complexe : c’est du carbone pur ou un composé de carbone, — hydrogène carboné d’après M. Huggins, oxyde de carbone ou acide carbonique d’après le père Secchi. Il s’ensuit que les comètes abandonnent dans les parages célestes où chemine la terre des poussières de carbone qui s’enflamment en pénétrant dans notre atmosphère sous l’apparence de bolides ou d’étoiles filantes. Faut-il dès lors admettre qu’elles exercent à la longue une influence sensible sur la composition de l’écorce terrestre en y répandant une sorte d’engrais cosmique ? C’est peut-être aller un peu loin. En tout cas, s’il est vrai que le 28 juin 1861 la terre a passé par la queue d’une comète, comme l’affirment plusieurs astronomes très compétens, nous n’en avons ressenti aucun effet appréciable : tout au plus quelques personnes assurent avoir remarqué ce soir-là une phosphorescence ou lueur insolite semblable à une aurore boréale.

La Bibliothèque d’éducation et de récréation que publie M. Hetzel s’est encore enrichie cette année de quelques beaux et bons livres, aussi recommandables par le fond que par la forme, qui s’adressent les uns aux enfans, les autres à la jeunesse et même à l’âge mûr. Parmi ces derniers, nous citerons d’abord l’Histoire d’une forteresse, par M. Viollet-Le-Duc, livre à la fois, instructif par les détails techniques et les dessins qui les expliquent, et d’une haute moralité par les sentimens qu’il veut inspirer. C’est ensuite la Plante, par M. Ed. Grimard, un traité de botanique simplifié à l’usage des jeunes lecteurs, puis l’Histoire d’un âne et de deux jeunes filles, par P.-J. Stahl, charmant récit qui se place dignement à côté de la Roche aux Mouettes. Ce sont enfin les voyages fantastiques de M. Jules Verne, Vingt mille lieues sous les mers, — Une Ville flottante, — le Docteur Ox, — le Tour du monde en 80 jours, — plus instructifs et en tout cas beaucoup plus amusans que ne le sont la plupart des récits de voyages réels, car l’auteur sème sur les pas de ses héros les péripéties les plus imprévues et les plus dramatiques, tout