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conversion employé depuis 1808 jusqu’à nos jours et qui a eu toute la faveur de M. Gladstone, c’est la conversion facultative des rentes perpétuelles ou annuités des consolidés en rentes viagères. De 1808 à 1869, les intérêts annuels de la dette britannique ont été diminués de 25 millions de francs par ce procédé.

On voit combien est énergique la méthode des conversions. Comment se fait-il qu’on n’en ait pas usé davantage en France ? En 1824, M. de Villèle proposait une conversion obligatoire du 5 pour 100 en 3 pour 100 au taux de 75 francs : son plan n’était pas irréprochable, parce qu’il augmentait le capital de la dette nationale ; mais il eût procuré sur les intérêts une économie annuelle de 28 millions de francs. L’ignorance et les préjugés firent repousser ce projet par la chambre des pairs, quoique la chambre des députés l’eût adopté. L’année suivante, ne pouvant faire une conversion obligatoire, M. de Villèle en fit une facultative, invitant les porteurs de 5 pour 100 à échanger ces titres contre des titres de 3 pour 100 au taux de, 75 francs ou contre du 4 1/2 au pair, ce dernier fonds ne pouvant être l’objet d’une conversion nouvelle avant un laps de dix ans. Il n’y eut que le quart des rentes appartenant à des particuliers qui se soumirent à cette conversion toute volontaire ; l’économie annuelle pour le trésor sur les arrérages de la dette fut de 6,200,000 francs au lieu de 28 millions qu’eût produits la conversion obligatoire. Pendant tout le règne de Louis-Philippe, il fut sans cesse question de la conversion des titres de 5 pour 100 qui existaient encore. Bien des projets divers, les uns très simples, les autres compliqués, furent soumis aux chambres sur cette opération. Ce n’est qu’en 1852, et par les soins de M. Bineau, que la conversion obligatoire du 5 en 4 1/2 fut effectuée : opération fort bien conduite et d’une ordonnance très simple ; tous les titres 5 pour 100 devaient être soit remboursés au pair, si le porteur le demandait, soit échangés contre des titres de 4 1/2 pour 100 garantis pendant dix ans contre toute conversion nouvelle. C’était la copie exacte des conversions anglaises ; la mesure réussit à merveille. Les remboursemens n’atteignirent pas 80 millions de francs, en capital. Une somme de 175,664,010 francs de rentes 5 pour 100 fut échangée contre une autre somme de 158,097,609 francs de rentes 4 1/2, procurant ainsi -au trésor une économie annuelle de 17 millions 1/2 sur le service de la dette. Il est malheureux que M. Fould en 1862 ait compromis la bonne renommée des conversions de dettes publiques par l’abus qu’il en fit. Au lieu de songer à réduire les intérêts de la dette nationale, ce ministre, d’ailleurs habile, s’avisa d’en augmenter le capital pour se procurer des ressources extraordinaires. La conversion facultative du 4 1/2 en 3 pour 100, moyennant le paiement d’une soulte représentant l’écart qui existait sur la cote de la Bourse entre