avait rendue très compacte ; puis venaient les fragmens en bronze de 2 boucliers, 5 fers de piques, 3 serpes, 3 ciseaux, de petits vases de fer et de bronze, des dés à jouer, 6 boutons d’argent soufflé, des bracelets, des perles fausses, les débris d’un tissu d’or et d’une étoffe de soie, un peigne d’os brisé, une serrure de fer avec un ressort de cuivre, une pierre à aiguiser, des pendans d’oreilles, des lingots de verre et de toute sorte de métaux, — enfin la moitié d’une monnaie byzantine du Xe siècle, où l’on ne voyait que l’un des deux empereurs et ce mot : regnantium.
Les découvertes de M. Samokvasof chez les Sévémanes de Tchernigof ont une importance considérable. Elles complètent les données si rares des monumens écrits sur les anciens Slaves ; elles montrent que ces hommes n’étaient point des sauvages, errant dans les forêts et les marécages, s’en remettant pour leur subsistance aux hasards de la chasse et de la pêche, étrangers à toute idée de famille et de cité. Nous les voyons au contraire bâtissant des villes fortes, élevant des monumens à leurs morts, obéissant à des princes, se procurant par leur industrie ou leur négoce, non-seulement les objets de première nécessité, mais encore ceux de luxe et de parure. En corrigeant sur ce point les données de Nestor, les fouilles de Tchernigof les confirment sur d’autres points. Il est prouvé qu’à la différence des Slaves de l’Ilmen ceux des bords de la Desna et du Dnieper avaient coutume de brûler leurs morts avec une partie de leurs biens. « Quand l’un d’entre eux venait à mourir, dit Nestor, ils poussaient force gémissemens, lui élevaient un grand bûcher où ils plaçaient et brûlaient son cadavre, après quoi ils recueillaient ses restes dans un petit vase qu’ils posaient sur une colonne au bord des routes. » Un écrivain arabe du Xe siècle, Ibn-Foszlan, entre comme témoin oculaire dans un récit encore plus détaillé. Il raconte comment des biens du mort on faisait trois parts ; l’une de ces parts était sans doute brûlée avec lui. Le défunt de la Tchernaïa Mohila, auprès duquel on a retrouvé deux casques, deux cottes de mailles, deux boucliers, devait donc posséder six exemplaires de chacun de ces objets. Ibn-Foszlan rapporte ensuite que l’on demandait à ses esclaves qui voulait mourir avec le maître : celui qui répondait affirmativement était aussitôt garrotté. On faisait la même question à ses servantes, dont l’une se dévouait également. Alors on la traitait comme une princesse : elle était lavée, parée, régalée, elle ne faisait que boire et chanter, et l’un des parens du défunt lui donnait une étrange marque d’affection. Au jour fixé, on déposait dans une barque au-dessus du bûcher le défunt avec tout son bagage et le serviteur égorgé. On y introduisait la jeune fille. Elle dépouillait sa parure et, un verre de kvass à la main, elle entonnait une chanson ;