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levant. Cette direction n’est pas toujours la même : l’homme est tourné tantôt plus au nord et tantôt plus au sud, suivant le déplacement que les saisons apportent à la position du soleil levant. Ordinairement le défunt est tout seul ; mais dans 24 tumuli M. Ivanovski a trouvé à côté du premier squelette un squelette de femme, celui-ci portait parfois des traces d’une mort violente, notamment des fractures au crâne. Lorsque le kourgane a été élevé sur le corps d’une femme, elle est toujours seule.

Quant aux tumuli de la seconde catégorie, la structure annonce des rites d’ensevelissement assez différens. Au fond du tumulus, on distingue une fosse de 1m,50 de long sur 0m,50 de large. Contrairement à ce qui se passe dans les premiers, il est très rare que le défunt soit assis. Il est couché, et sur le corps on a rejeté toute la terre qui avait été tirée de la fosse. En vertu du foisonnement, elle forme un premier monticule sur lequel on sacrifiait la victime. C’est là en effet que se retrouvent la cendre grasse et les os d’animaux. Sur les débris du sacrifice, on élevait alors le véritable tumulus, d’un entassement de terre ou de sable, que l’on consolidait en appliquant de grosses pierres à sa base. Dans les deux espèces de tombes, on retrouve toujours aux pieds du défunt les vases qui contiennent de la nourriture, des grains, des gruaux, des os d’animaux. Ces vases sont en argile noire, ornés de lignes parallèles ou en zigzag dont la combinaison forme parfois un joli dessin. Comme il n’y a pas d’argile semblable dans le voisinage, ils ont dû être apportés et même importés d’assez loin. M. Ivanovski n’a nulle part vu trace de cercueil. Les tumuli de la première catégorie ont de 6 à 35 mètres de circonférence sur 1 mètre ou 2m,50 de hauteur. Les proportions en sont extrêmement variables. Ceux de la seconde catégorie sont toujours plus petits. Ces crânes d’hommes et de femmes ont également la forme brachycéphale ou sous-brachycéphale. La face est ce qu’on appelle orthognathe, et le visage était ovale. Les hommes ont le système osseux plus développé : les tubérosités et les crêtes rugueuses auxquelles s’attachent les muscles fléchisseurs du dos, des jarrets et des pieds, sont très saillantes ; elles dénotent une race de marcheurs. Dans les os des bras, les crêtes d’attache sont également très développées : elles annoncent que les muscles du bras se contractaient souvent pour tirer ou jeter ; ces hommes étaient évidemment des tireurs d’arc et des lanceurs de javelot. Les ossemens des femmes supposent une bonne musculature, mais n’indiquent pas au même degré la prédominance de certaines habitudes. Il est probable qu’elles n’étaient point soumises à de rudes travaux physiques ; elles étaient même traitées avec une certaine douceur, car on trouve dans leurs tombes quantité d’ornemens, tandis