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ouvrages consacrés à des manuscrits inédits, en particulier le poème de Coronaios de Zante, qui en racontant l’histoire d’un célèbre armatole du XVIe siècle au service de Venise, Mercure Bouas, nous fait connaître la vie et les mœurs des soldats albanais et hellènes qui tinrent une place importante à cette époque dans les armées d’Italie, de France et d’Angleterre. M. Sathas avait publié aussi la bibliographie la plus complète que nous possédions des Grecs qui ont écrit depuis la chute de Constantinople jusqu’à la guerre de l’indépendance. Ce sont là des travaux excellens qui s’adressent à l’Europe aussi bien qu’à la Grèce. Si nous les signalons, c’est bien moins pour rendre justice à un auteur qui mérite tant d’éloges que pour insister auprès de ses compatriotes sur la nécessité d’imiter cet exemple. Plus le nombre des Grecs qui prendront rang dans la science sera grand, plus la cause qui leur est chère gagnera de partisans dans la diplomatie européenne. L’estime que nous portons à ce peuple s’augmentera en proportion des services que ses savans rendront, à la haute culture intellectuelle. La Grèce dans cet ordre peut beaucoup pour elle et pour nous, pour elle-même surtout. Ceux qui ont à cœur ses destinées ne sauraient mieux lui prouver leur philhellénisme qu’en lui rappelant sans cesse les belles tâches qu’elle doit entreprendre, l’honneur qu’elle peut acquérir, la place qu’il lui est facile de s’assurer dans la science contemporaine.


ALBERT DUMONT.


Letture sopra la Mitologia vedica, fatte dal prof. Angelo de Gubernatis all’ istituto di studii suporiori di Firenze ; Firenze 1874.


Les adeptes du « mythe solaire » se rappellent encore avec une indignation rétrospective la spirituelle plaisanterie commise, il y a quelque vingt ans, par Guillaume Wackernagel, qui parodia les interprétations allégoriques déjà nouvelle école dans un écrit intitulé les petits Chiens de Bretzwil et de Bretten, essai de mythologie comparée. On dit à Bâle de quelqu’un qui arrive trop tard : il est comme le chien de Bretzwil. Le chien de Bretten nourrissait son maître infirme de saucisses qu’il dérobait aux étalages des charcutiers ; mais un jour il est pris en flagrant délit, le charcutier volé lui coupe la queue et la lui met dans la gueule ; le pauvre chien la rapporte à son maître, se couche et meurt. Entre ces deux chiens légendaires, il n’y a, dit Wackernagel, en apparence aucun rapport, et il semble impossible de les identifier tant qu’on reste sur le terrain historique ; mais, dès qu’on s’élève dans les régions supérieures du mythe symbolique, on ne tarde pas à découvrir l’idée qui se cache sous ces deux traditions populaires et qui les ramène à une origine commune. Le chien en effet est le messager de la mort, comme on peut le conclure de certaines indications des mythologies grecque et Scandinave, et en partant de cette donnée le savant professeur de Bâle