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le général Grant a notablement indisposé une fraction considérable des républicains, et n’a fait qu’ajouter aux divisions du parti en présence des dernières élections législatives. Les circonstances se sont trouvées plus favorables pour le parti démocrate, qui en a profité, et de là sans doute cette victoire de scrutin qui, à huit ans d’intervalle, suit une si profonde défaite.

Maintenant les démocrates seront-ils assez habiles pour être modérés, pour ne point abuser de leur succès ? Le parti républicain de son côté ne va-t-il pas se remettre à l’œuvre, se réorganiser, se remettre en mesure de reprendre l’ascendant en renonçant à des théories excessives qui l’ont compromis, en réagissant contre les corruptions dont on accuse l’administration ? C’est une phase nouvelle qui commence dans ces luttes américaines où les partis se disputent la prépondérance, mais où les institutions libres restent toujours dans leur intégrité, dans leur énergique et salutaire puissance.


CH DE MAZADE.



ESSAIS ET NOTICES.

LES ÉTUDES D’HISTOIRE DANS L’ORIENT HELLÉNIQUE.

La Bibliotheca grœca medii œvi de M. Constantin Sathas.


Les Grecs répondent enfin à un vœu que nous formions depuis longtemps : ils commencent à publier les documens qui intéressent l’histoire de leur propre pays. Il n’est pas de peuple en Europe chez lequel le goût de la lecture soit plus répandu que chez les Hellènes ; la presse périodique a pris chez eux de tels développemens que beaucoup de villes secondaires ont leurs journaux. En même temps il s’imprime chaque mois, non-seulement à Athènes, mais à Constantinople, à Smyrne, à Salonique, à Braïla, des recueils littéraires. Cette grande activité a été favorisée dans ces derniers temps par de nombreuses sociétés créées sous le nom de syllogues pour le progrès de l’éducation, sociétés qui presque toutes ont déjà pu réunir, des sommes considérables. L’instruction primaire et l’habitude d’écrire sont générales chez les Grecs du royaume comme chez ceux de la Turquie. Malheureusement ces journaux, ces recueils, voire les livres, restent toujours consacrés ou à des dissertations générales sur la politique, ou à des études qui n’offrent que des résumés imparfaits d’ouvrages parus en Occident. Les théories d’ensemble, toujours dangereuses, surtout chez un peuple qui renaît à la civilisation, et la passion naturelle de bien dire, innée chez des hommes que l’art de parler et l’harmonie des phrases ont toujours séduits, compromettent souvent cette activité intellectuelle.