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UN VOYAGE D'HIVER
AU CAUCASE

DE LA MER-NOIRE A LA MER CASPIENNE

Des diverses contrées de l’Asie que le voisinage de la mer et la rapidité des communications mettent aux portes de l’Europe, le Caucase est à coup sûr l’une des moins visitées et des moins connues. En réalité, depuis qu’on va en quatre-vingt-deux heures de Paris à Odessa, Tiflis n’est plus qu’à une semaine du Grand-Hôtel. Les bateaux qui font le service de la côte de Crimée conduisent en trois jours le voyageur d’Odessa à Poti, au fond de la Mer-Noire. A Poti, on retrouve le chemin de fer ; en une journée, on est au cœur du Caucase. Que la route soit longue ou courte, le public s’en inquiète peu : le Pont-Euxin est encore sous le coup de la détestable réputation que lui a léguée l’antiquité classique ; on le redoute et on le fuit. Pour l’immense majorité des touristes, l’Orient commence à Constantinople et finit à Scutari ; les plus intrépides ou les moins pressés, après avoir vu Trébizonde, se hâtent de redescendre vers la Syrie et l’Égypte. Une relation véridique d’un voyage d’hiver à travers le Caucase pourra donc encore offrir l’attrait de la nouveauté, et l’on verra qu’une pareille excursion peut se faire dans des conditions moins romanesques que celles des récits par lesquels un trop fécond romancier s’est plu à échauffer l’imagination de ses lecteurs.