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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 novembre 1874.

Voici donc, avec les premiers frissons d’hiver, une nouvelle saison politique près de s’ouvrir. Les vacances vont expirer entre les élections législatives d’hier et les élections municipales de demain, au bruit monotone des polémiques tourbillonnant comme les feuilles qui tombent. Les quatre mois qu’on s’était promis de donner au repos, et qui n’auront été qu’une prorogation d’incertitude, sont déjà passés.

Maintenant les députés, les souverains de la France, que ne retiennent plus les conseils-généraux ou les dernières distractions d’automne, reviennent vers Paris pour se retrouver en présence de toutes les questions qui n’ont été qu’ajournées, qui renaissent d’elles-mêmes plus sérieuses, plus pressantes que jamais. Les augures, qui ne s’étaient pas rencontrés depuis longtemps, se regardent et s’interrogent entre eux, se demandant où en sont les divers groupes d’opinion, où en est le gouvernement, de quelle manière on pourrait aborder ce fourré d’épines qu’ils ont accommodé de leurs propres mains sous le nom de politique. Les conversations préludent aux débats parlementaires. On échange des impressions, des réflexions, peut-être des combinaisons ou des plans de campagne. Les purs de la droite, quelques-uns du moins, arrivent, dit-on, avec l’humeur guerrière, et les radicaux laissent voir leurs bruyantes impatiences, tandis que les modérés hochent la tête, poursuivant des solutions insaisissables, cherchant comment on pourrait bien s’entendre, — à la condition de vouloir des choses différentes et de ne se faire mutuellement aucun sacrifice ! Les manifestes et les programmes recommencent à se croiser dans l’air comme à la veille des grandes luttes.

De toute façon, et c’est là le sentiment universel, la préoccupation dominante, la session qui se prépare, qui va s’ouvrir dans quelques jours, est selon toute apparence destinée à devenir décisive. C’est comme un rendez-vous qu’on s’est donné et qu’on ne peut plus éluder. Que l’initiative vienne du gouvernement, de la commission des trente ou d’un