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UN FONDATEUR
DE LA MONARCHIE BELGE

SYLVAIN VAN DE WEYER

I. Choix d’opuscules philosophiques, historiques, politiques et littéraires de Sylvain van de Weyer, 2 vol. ; Londres 1803. — II. Histoire des Relations extérieures de la Belgique depuis 1830, par Sylvain van de Weyer, ministre d’état ; Bruxelles 1874. — III. Sylvain van de Weyer d’après des documens inédits, par Théodore Juste, 2 vol. ; Bruxelles 1871.

Tout le monde est capable de ressentir le plaisir du sage dont parle Lucrèce, qui contemple du rivage les fureurs de la mer et les navires en détresse. Il est des plaisirs plus difficiles et plus nobles : celui d’un homme accablé par le malheur et qui jouit encore des triomphes de l’intelligence ou de la vertu, — d’un peuple tourmenté par la fortune inconstante, et qui peut applaudir aux heureux efforts d’un peuple ami, admirer chez d’autres l’œuvre d’une patience et d’une sagesse politique qui lui ont fait, défaut. Certes le sort de la Belgique en 1830 pouvait sembler mille fois plus précaire que celui de la France, et pourtant à quels orages la France n’a-t-elle pas été exposée depuis cette époque, tandis que la Belgique a suivi tranquillement le cours de ses heureuses destinées ! La charte de 1830 n’est plus qu’un souvenir, la constitution belge est toujours en vigueur ; Louis-Philippe est mort, hélas ! dans l’exil, Léopold Ier est mort sur le trône ; la dynastie qui plongeait dans les siècles les plus lointains de notre histoire et pour ainsi dire dans la terre végétale de la France a été déracinée et emportée par la révolution ; en Belgique, une dynastie étrangère a peu à peu poussé ses racines dans la Flandre, et aujourd’hui il semble que rien ne la puisse ébranler. Si les mêmes périls, les mêmes