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Montpellier, auxquelles sont associées des écoles supérieures de pharmacie, et par la faculté mixte de médecine et de pharmacie qui a été fondée en 1872 à Nancy pour remplacer la Faculté de médecine et l’École supérieure de pharmacie de Strasbourg. Les facultés et les écoles supérieures peuvent seules décerner des diplômes de docteur en médecine, de sage-femme de première classe, de pharmacien et d’herboriste de première classe. Il n’y a donc en France, pour décerner le grade de docteur, qu’une faculté par 12 millions d’habitans, encore la répartition des étudians entre ces établissemens est-elle tellement inégale que la Faculté de Paris à elle seule en absorbe à peu près les neuf dixièmes. Cette organisation paraît insuffisante pour faire face aux besoins du pays ; le nombre des centres d’enseignement médical est évidemment trop restreint relativement à la population. La France est sous ce rapport en arrière même de la Russie, qui possède 8 facultés très bien organisées, soit une pour 8 millions d’habitans. L’Allemagne et l’Autriche ont ensemble 19 facultés de médecine (une pour 2 millions d’habitans), l’Italie en possède 21 (une pour 1,200,000 habitans), l’Angleterre 6/i (une pour 560,000 habitans). Plusieurs de nos grandes villes se sont émues de cet état de choses, et depuis trois ans six propositions ont été soumises à l’assemblée nationale demandant la création de nouvelles facultés de médecine à Lyon, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Lille et Marseille. La commission chargée d’examiner ces projets a déposé son rapport, rédigé par M. Paul Bert avec une clarté et une compétence dignes de fixer l’attention ; elle écarte les demandes de Toulouse, Nantes, Lille et Marseille, mais elle appuie celles de Lyon et de Bordeaux, où elle recommande la création de deux facultés mixtes comme celle qui existe déjà à Nancy. Les considérations invoquées par le rapporteur pour justifier ces mesures sont d’un haut intérêt, et nous essaierons de les résumer brièvement.

On peut se demander d’abord s’il est urgent de chercher à augmenter en France le nombre des médecins. C’est à la statistique qu’il faut demander la réponse à cette question. Voici le nombre des praticiens, — officiers de santé et docteurs en médecine, — que nous avions en 1847 en 1866 et en 1872 :

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Officiers de santé. Docteurs. Total. Proportion
1847 7,456 10,643 18,099 1 par 1,895 habitans.
1866 5,667 11,525 17,192 1 par 2,232 habitans.
1872 4,653 10,766 15,419 1 par 2,341 habitans.

On constate donc une diminution sensible du nombre des officiers de santé, et celui des docteurs en médecine reste stationnaire malgré l’accroissement de la population. En fait, l’officier de santé tend à disparaître. Cet effacement progressif d’une institution foncièrement mauvaise n’aurait en soi rien d’inquiétant, il y aurait au contraire lieu de s’en féliciter, car on peut voir là une preuve d’un notable progrès dans l’intelligence publique ; ce qui est grave, c’est que le nombre des médecins