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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 octobre 1874.

On a beau se reposer dans la tranquillité de ce déclin de saison et se rassurer au spectacle des moissons nouvelles, du travail persévérant des populations françaises, de tous les efforts d’une nation obstinée revivre ; on a beau se dire qu’il ne faut pas trop demander, que tout ne vient pas en un jour, surtout après les grandes crises ; il faut bien oser s’avouer aussi que les querelles égoïstes, opiniâtres et confuses des partis, que les difficultés ajournées ou laissées en suspens ne sont pas le meilleur moyen de régulariser, d’activer cette patiente renaissance nationale, que l’incertitude des choses n’est ni une garantie pour le pays, ni une force pour le gouvernement en présence des incidens de toute sorte qui se succèdent.

La France vit au milieu de ces incidens prévus ou imprévus, qui, sans avoir une égale importance, sont pour elle la révélation incessante d’une condition laborieuse ; même dans ce calme d’automne les questions extérieures et intérieures viennent de temps à autre raviver le sentiment de la situation difficile qui nous est faite. Depuis quelques jours, c’était cette affaire de l’Orénoque qui intéressait toute notre politique, qui était un dernier poids laissé sur nos rapports avec l’Italie et qui a été heureusement conduite avec assez de prudence, avec assez de cordialité mutuelle, pour arriver à la solution la plus simple et la plus favorable. Aujourd’hui c’est l’Espagne qui en revient à ses réclamations, à ses récriminations et à ses plaintes, comme si elle n’avait attendu que l’arrivée de notre ambassadeur à Madrid pour réchauffer des controverses qu’on avait le droit de croire éteintes. Au moment où on lui donne des marques d’intérêt, le gouvernement de Madrid répond par des mémorandums qui ressemblent à des réquisitoires adressés à M. le ministre des affaires étrangères, et il faudra bien examiner ces réquisitoires pour montrer ce qu’ils valent ou ce qu’ils cachent. D’un autre côté, en même temps qu’elle a ces préoccupations, la France est depuis quelques se-