Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 5.djvu/908

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelquefois celui de leur ville à leur ceinture. On observe encore des usages analogues en Orient. Les hommes de loi, les gens riches, déposent dans leur bourse la pierre qui leur sert à sceller ou la suspendent sur leur poitrine ; les gens du peuple l’ont simplement à leur anneau.

La solennité dont on entoura l’apposition du sceau sur les actes ne suffisait pas pour prévenir l’emploi frauduleux de l’empreinte en cire, car on la pouvait détacher de la charte en chauffant avec précaution le revers de cette empreinte et l’appliquer ensuite à un acte faux. Afin de parer à ce danger, on fit usage du contre-sceau, c’est-à-dire d’un sceau fixé à la face inférieure du sceau, lui servant comme de revers, et ordinairement de la même cire. L’idée du contre-sceau semble avoir été suggérée par le revers des monnaies ; ce second type permettait au propriétaire du sceau de se faire représenter avec des titres et des attributs qui n’avaient pu trouver place sur le premier ou qui ne lui appartenaient que depuis la gravure de celui-ci. Les contre-sceaux se montrent en France au XIIe siècle, sous le règne de Louis VII, le premier de nos rois qui s’en soit servi. Peut-être son mariage avec Éléonore d’Aquitaine en fut-il l’occasion ; le fils de Louis le Gros aura voulu paraître au revers de son sceau avec les insignes du duché que sa volage épouse lui avait apporté. Au reste, déjà en Angleterre Edouard le Confesseur et Guillaume le Conquérant avaient eu recours à l’emploi du sceau appliqué en dessous d’un autre comme pour témoigner de l’authenticité de celui de dessus, destination que rappellent les qualifications de gardien du secret (custos secreti), de témoin (testis), de foi (fides), etc., données au contre-sceau. Toutefois au XIe et XIIe siècles, ce n’est guère qu’au sceau pendant qu’on voit le contre-sceau, dont l’usage est général au XIIIe ; il se rencontre rarement avec les sceaux plaqués, ce dont les sceaux des rois lombards nous fournissent des exemples. Le type du contre-sceau n’est pas toujours le complément de celui du sceau ; il en est parfois indépendant. Les princes en effet faisaient appliquer souvent leur sceau secret ou privé en guise de contre-sceau, et en certain cas on voit le sceau de la femme servir de contre-sceau au sceau du mari. Quant aux bulles ou sceaux métalliques, elles avaient toujours présenté des revers.

On ne devait pas seulement se précautionner contre la fraude ; la cire est une matière fragile, il fallait la mettre à l’abri de la destruction. On protégea d’abord le sceau par un épais rebord ou collet ; puis on le recouvrit d’un vernis. Lorsque la mode des cires vermeilles se fut introduite, on plaça le sceau au fond d’une solide cuvette faite en cire rouge ou verte. Plus tard, le sceau fut enveloppé dans une chemise, dans un sachet d’étoffe ou de parchemin, après avoir été entouré d’étoupe ou de papier. Les sceaux plaqués