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France qui s’en soit servi. Au XIIIe siècle des cires d’autres teintes furent également usitées ; aussi rencontre-t-on à la fois dès cette époque des sceaux de couleur jaune, blanche, rouge, verte, etc. La chancellerie de France s’efforça au XIVe siècle d’introduire des règles pour l’emploi de ces différentes cires, et sous le roi Jean on adopta des couleurs spéciales pour les sceaux suivant la nature des documens auxquels ils devaient être attachés. Les ordonnances, les édits, et en général les actes à effet perpétuel furent scellés de cire verte sur lacs de soie rouge et verte ; les actes à effet transitoire furent scellés en cire blanche sur queues de parchemin. Un statut du roi de France Henri III affectait les sceaux de cire blanche à l’ordre militaire du Saint-Esprit ; mais les seigneurs, les particuliers, continuèrent à suivre leur caprice et leurs préférences. Au XIVe siècle et au siècle suivant, se montrent dans la cire des nuances nouvelles, le vermeil et le rose. Les chanceliers de France réservaient la première pour les affaires qui concernaient le Dauphiné et l’Italie. Certains établissemens religieux semblent avoir fait choix d’une cire de couleur spéciale et peu usitée ; par exemple les ordres militaires et religieux scellaient en cire noire. Quant à la cire bleue, elle fut d’un usage toujours exceptionnel.

Les sceaux de métal sont plutôt connus sous le nom de bulles, formé du grec boulla, mot dont les Byzantins se servaient pour désigner l’empreinte d’un sceau faite sur métal. On employa l’or, l’argent, et surtout le plomb. Les prélats et les chapitres ayant de préférence fait usage de sceaux métalliques, on finit par étendre le nom de bulles à tous les sceaux des évêques et des communautés capitulaires. Pareillement le nom de bulles a passé aux lettres du pape, aux constitutions des empereurs d’Allemagne, parce qu’elles étaient pourvues de sceaux de métal. Les bulles d’or, que, suivant la tradition, on suspendait à certains diplômes solennels des empereurs d’Orient et d’Occident, n’ont jamais été d’un usage habituel. Aussi n’en rencontre-t-on guère dans les collections ; les Archives nationales en possèdent seulement dix. Ces sceaux d’or ne sont pas au reste tous entièrement formés de la précieuse matière : la plupart sont simplement recouverts de deux feuilles d’or. Charlemagne introduisit, dit-on, le premier chez les Francs l’emploi de ces bulles dorées dont les papes se servaient lorsqu’ils devaient confirmer l’élection du roi des Romains, ou élever quelque prélat au cardinalat. Le diplôme où Clément VII donna au roi d’Angleterre Henri VIII le titre de défenseur de la foi était scellé d’une bulle d’or. C’est aussi un sceau en or qui fut attaché à la ratification du traité conclu par le même roi avec François Ier, à la suite de l’entrevue du camp du Drap d’or (1527). Les Archives nationales conservent ce sceau, qui est d’une richesse inusitée et digne de la magnificence qui avait été déployée