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ce que nous révèlent sur l’état de l’humanité primitive ces silex grossièrement taillés, enfouis dans la terre à côté de fragmens de poterie et d’ossemens corrodés ou calcinés ? Quand on se mit à considérer les marques d’ouvriers que portent les pierres de plusieurs de nos vieux édifices, soupçonnait-on le parti qu’on en tirerait plus tard pour déterminer la date des diverses constructions et compléter ainsi l’histoire de notre architecture ? Écoutez un antiquaire consommé, M. de Longpérier par exemple, ou un de ces pénétrans épigraphistes tels que M. Léon Renier, et vous demeurerez confondu de tout ce qu’un vase, un morceau de marbre, un éclat de bronze ou quelques lettres d’une inscription fruste peuvent vous enseigner. À mesure que les investigations archéologiques s’étendent et se perfectionnent, on voit s’accroître le nombre des objets qui fournissent des renseignemens historiques à ceux qui les étudient. Ce qui était d’abord tout au plus l’occasion de quelques remarques devient le point de départ d’une branche nouvelle de l’archéologie. Cette branche grandit ; elle pousse des rameaux, et la voilà, au bout d’un certain nombre d’années, comme une tige qui se détache de la souche pour vivre de sa vie propre, c’est-à-dire qu’elle constitue bientôt une science distincte, presque indépendante de celle dont elle est sortie, quoique restant avec elle dans une féconde union. Un nouveau domaine est créé, qui suffira à l’activité d’une classe spéciale d’investigateurs. L’histoire se trouvera de la sorte dotée d’un nouvel auxiliaire, qui lui ouvrira des horizons qu’elle ne pouvait atteindre ou des profondeurs dans lesquelles elle ne pouvait pénétrer.

Entre ces connaissances du ressort de l’archéologie, sinon récemment venues au jour, du moins élevées depuis peu à la hauteur d’une science, il faut compter celle des sceaux, ou, comme on l’appelle, la sigillographie, la sphragistique, noms formés, le premier du bizarre accouplement d’un mot grec et d’un mot latin, le second du grec sphragis, signifiant anneau à cacheter ou chaton de bague ayant la même destination.

Dans le principe, on ne s’occupait guère des empreintes sur métal ou sur cire qu’à propos des diplômes, des chartes, auxquels elles sont ordinairement attachées. L’étude des sceaux n’était qu’un accessoire de la diplomatique et de la paléographie ; c’est à ce titre qu’il en est parlé dans le traité de diplomatique des bénédictins et dans le bel et classique ouvrage de M. Natalis de Wailly intitulé Élémens de paléographie. Quand les amateurs commencèrent à recueillir les produits de l’art du moyen âge, on réunit dans les collections quelques matrices qui vinrent prendre place à côté des pierres gravées, et l’étude de ces monumens fut regardée comme un appendice de la glyptique, cantonnée alors presque exclusivement dans