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L’ENSEIGNEMENT EN TURQUIE

LE LYCEE IMPERIAL DE GALATA-SERAÏ.

Les relations commerciales et politiques de la Turquie avec les nations européennes n’ont pas jusqu’à présent amené dans ce pays les transformations et les progrès qu’on pouvait en attendre. Les réformes administratives que la Sublime-Porte a cru devoir concéder à des influences étrangères sont demeurées plus apparentes que réelles, parce qu’elles heurtaient souvent d’anciens préjugés, étaient mal interprétées, et ne tenaient pas suffisamment compte de mœurs et d’habitudes peu accessibles aux mouvemens du dehors. La constitution de la famille, base de la société, n’a subi aucune modification ; le droit de propriété, accordé aux étrangers, est resté à peu près illusoire, et les fonctions publiques continuent d’être presque exclusivement réservées aux musulmans. Aujourd’hui comme au temps de la conquête, le Turc montre peu de goût pour l’agriculture ; ses villages les plus riches sont cultivés par des Grecs, et la perception en nature de l’impôt s’accomplit dans des conditions telles qu’elle accable également le producteur et le consommateur. Le commerce est presque entièrement entre les mains des Grecs, des Arméniens et des étrangers ; aussi la classe moyenne n’existe-t-elle pas et ne peut-elle, par son activité, stimuler une aristocratie qui se meurt dans l’indolence.

Le cheik-ul-islam, chef de la religion, est toujours un des dignitaires les plus redoutés de l’empire : son autorité a plus d’une fois tenu en échec celle du sultan, et il faut compter avec lui lorsqu’il s’agit d’innovation. Il est le gardien respecté des vieilles traditions, et on assure que dans ces derniers temps il a demandé que deux