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de 125 millions de francs réservé aux seuls sujets du khédive, et dont le succès parut d’autant plus assuré qu’il avait tous les caractères d’un emprunt forcé, perçu non plus sur les pauvres fellahs à bout de ressources, mais sur les capitalistes, les négocians, les personnages les plus puissans, même les proches parens du souverain. Des bruits d’une nature au moins étrange ont couru sur les mesures de violence employées pour le recouvrement de l’emprunt : cette émission a eu du moins l’avantage de faire monter le taux des obligations de 1873, de donner un gage certain aux prêteurs, qui depuis lors ont renouvelé leurs prêts à court terme sur la garantie des obligations émises et non placées (en juillet, un prêt de 100 millions a été consenti par la maison Pastré), et de permettre, grâce à l’élévation des cours, de tenter plus tard l’émission de la seconde partie de l’emprunt, dont le syndicat, preneur à option, s’est décidé récemment, les cours lui paraissant favorables, à s’assurer par avance la totalité pour la revendre ensuite au public. Avec ces 125 millions de l’emprunt forcé, le chiffre de la dette consolidée au 1er juillet 1874 s’élèvera donc, jusqu’à l’émission de la seconde partie de l’emprunt 1873, à 950 millions, mais le principal objet de la consolidation dernière, c’est-à-dire la réduction de la dette flottante à un chiffre supportable, ne sera obtenu que lorsque l’émission de la seconde moitié de l’emprunt sera définitive et que le produit en aura été employé à cet objet.

Avant de pousser plus loin cette étude des finances égyptiennes, de rechercher quelles sont les chances d’amélioration que présentent les revenus publics, il ne faut pas oublier de parler de la dette particulière du vice-roi. La dette de la daïra se compose en dette consolidée de quatre emprunts, dont le plus ancien remonte à 1863, et n’atteignait pas 8 millions de francs ; il avait été contracté sur les anciens biens d’Halim-Pacha. Vint ensuite l’emprunt de 1866, dit de Selim, parce qu’il avait pour objet de payer les engagemens laissés par Selim-Pacha : il s’élevait en nominal à 84 millions, et il eut pour garantie 215,000 hectares des terres du vice-roi. En 1867, Mahmoud-Pacha contracta un nouvel emprunt de 52 millions qui porte son nom, et qui est garanti par le gouvernement égyptien ; enfin l’emprunt du khédive, de 178 millions nominaux, a été émis en 1867, hypothéqué sur 88,000 hectares de propriétés.

La dette consolidée de la daïra à 7 ou 9 pour 100 s’élève en nominal à 323 millions, dont 290 restent encore à amortir ; elle en a produit 271 effectifs. Le service des intérêts et de l’amortissement absorbera en 1874 plus de 33 millions. Les trois premiers emprunts devront être remboursés en quinze ans et le dernier en vingt ; la dette consolidée, à moins de nouvelles émissions, aura donc pris fin en 1890 ; dès 1881, elle sera réduite de moitié. À côté