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MŒURS FINANCIÈRES
DE LA FRANCE

IV.
LES VALEURS ORIENTALES, LES FINANCES DE LA TURQUIE ET DE l’ÉGYPTE.

À un degré qui dépasse l’étendue des relations que notre commerce et notre industrie entretiennent avec l’Orient, l’épargne française s’est portée vers les placemens égyptiens et turcs. Moitié par sympathie, moitié par l’appât des gros intérêts, — sensible surtout à la moyenne des demi-fortunes, qui sont le propre de nos classes bourgeoises, — le marché français est de tous le plus ouvert aux titres émis par les gouvernemens du sultan et du khédive. Cette préférence date de loin : la guerre de l’affranchissement de la Grèce, le règne de Méhémet-Ali, le plus populaire des vice-rois d’Egypte, la réforme de Mahmoud, dont il semblait que nous eussions à revendiquer l’initiative, enfin la guerre de Crimée, ont successivement dirigé nos pensées vers ces pays où depuis les croisades jusqu’à l’expédition de Bonaparte le nom français a retenti avec tant d’éclat. Aidée par ces dispositions favorables, l’émission successive d’emprunts à revenus élevés, toujours payés régulièrement, a créé une clientèle de plus en plus nombreuse et fidèle aux négociations trop multipliées de rentes, dont le moment est venu d’examiner la sécurité dans l’intérêt général et surtout dans celui de nos nationaux. Plus heureux de ce côté que de l’Occident par exemple.