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qui réclament le labeur continu de plusieurs générations d’observateurs. La création d’un observatoire public, assuré d’une existence permanente et exclusivement consacré aux recherches d’astronomie physique, paraissait donc désirable et opportune. Cette lacune vient d’être comblée par la fondation de l’Observatoire savilien d’Oxford, pour la construction duquel le sénat de cette puissante université a voté l’année dernière des fonds considérables, et auquel M. Warren de La Rue a légué tous ses instrumens, et notamment son fameux télescope à réflexion et sa machine à travailler et polir les miroirs.

L’Association britannique pour l’avancement des sciences et la Société royale astronomique ont exercé une heureuse influence sur le développement des observatoires comme sur celui des autres institutions scientifiques de l’Angleterre, en créant un lien entre les savans portés par les mêmes aspirations, en provoquant une généreuse émulation et en stimulant l’initiative privée par de grands exemples. Par son bulletin mensuel, les Monthly Notices, la Société astronomique assure aux utiles efforts des amateurs cette publicité qui est le plus puissant aiguillon d’un dévoûment désintéressé.

Les nombreuses et vastes colonies qui composent l’empire britannique ne sont pas restées, sous ce rapport, en arrière de la mère-patrie. L’Inde anglaise possède aujourd’hui plusieurs observatoires, dont le premier a été fondé en 1819 à Madras par la compagnie des Indes-Orientales. En 1841, le roi d’Oude, encore indépendant à cette époque, érigea un établissement rival à Lucknow, et y installa l’astronome Wilcox avec trois aides indigènes. Huit ans après, Wilcox étant mort, l’observatoire fut supprimé, les registres d’observations furent mangés par les fourmis blanches, et les instrumens furent détruits pendant la guerre qui se termina par l’annexion du royaume d’Oude. Le rajah de Travancore a créé, sur la côte de Malabar, l’observatoire de Trivandéram, qui a surtout fourni de bonnes observations météorologiques et magnétiques. Enfin il existe à Madras un observatoire privé appartenant à M. Eyre Burton Powell.

Le cap de Bonne-Espérance a été une station astronomique longtemps avant qu’on songeât à y établir un observatoire permanent. De 1751 à 1753, le célèbre abbé de La Caille y dressa son catalogue des étoiles du ciel austral, en même temps qu’il mesurait un arc du méridien et qu’il déterminait, avec Jérôme de La Lande, qui avait été envoyé à Berlin, la parallaxe de la lune, au moyen d’une série d’observations simultanées. Les immenses travaux accomplis par La Caille dans son court séjour au Cap méritent d’autant plus d’être admirés qu’il eut à lutter contre un climat peu favorable aux observations, car on n’a sous cette latitude que deux mois et demi de jours calmes et sereins ; pendant le reste de l’année, le temps est variable, ou bien un vent violent du sud-est remplit l’air de poussière et le prive de sa transparence. Malgré ces