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avec le temps dans la situation relative des fixes, et par conséquent de réduire les observations de chaque jour à une époque donnée.

Lorsque Bradley fut appelé en 1742 à la direction de l’observatoire de Greenwich, il était déjà célèbre par des découvertes de premier ordre et connu comme un observateur consommé. Il en a toujours été ainsi : les savans qui ont été successivement placés à la tête de cet établissement étaient tous, au moment de leur nomination, parfaitement au courant des choses du métier. Aussi les a-t-on vus tous s’attacher surtout à l’amélioration des instrumens et au perfectionnement des méthodes ; il en résulte cette heureuse fixité dans les principes, cette continuité dans les travaux, qui est la première condition pour le succès des recherches destinées à nous révéler les lentes variations qui s’opèrent dans le système du monde. Et dire que l’Observatoire de Paris eût pu jouer dans l’histoire de l’astronomie le rôle capital dévolu à l’établissesement de Greenwich, si l’abbé Picard avait eu assez de crédit pour faire accepter le plan d’études qu’il avait élaboré pour le futur observatoire, et qu’il avait communiqué à l’Académie des Sciences dès 1669 ! On lui préféra l’Italien Cassini, et la France perdit l’occasion d’inaugurer une nouvelle ère en astronomie.

Greenwich est d’autant plus libre de concentrer tous ses efforts sur l’astronomie de précision qu’autour de lui de nombreux observatoires, érigés par les opulentes universités ou dus à l’initiative éclairée de quelques riches propriétaires, de gros commerçans de la Cité, se partagent les travaux que l’établissement central laisse en dehors de son programme. Oxford possède un observatoire important, fondé en 1771 à l’aide d’un legs du docteur Radcliffe et placé aujourd’hui sous la direction du révérend Robert Main, et le sénat de l’université a décidé d’en fonder un second. Cambridge a l’observatoire de la Trinité, que M. Airy a dirigé de 1827 à 1835, et qui est maintenant confié à M. Adams ; l’université de Durham possède aussi un observatoire très bien organisé, dont la ville a fait les fonds il y a trente ans.

L’observatoire de Liverpool a été créé spécialement pour l’étude des chronomètres de la marine. C’est là que les nombreux navires qui entrent dans le port de la Mersey peuvent faire régler leur garde-temps. La « chambre chronométrique » est une vaste étuve, chauffée par un calorifère à eau ; chacune des cent montres marines que peut étudier à la fois l’observatoire est enfermée dans une cage vitrée dont l’air est encore chauffé par un bec de gaz muni d’un régulateur, afin de pouvoir en porter la température successivement de 10 à 18 et à 27 degrés. Après avoir essayé dans cette chambre les chronomètres qui lui sont confiés par la marine, l’observateur les rend avec la table de leurs marches.

L’observatoire d’Edimbourg a été construit en 1818 sur la colline de Calton-Hill, située au nord-est de la ville, où il existait déjà depuis la