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Marine, dans l’hôtel de Cluny, où Messier découvrit plus de vingt comètes, — celui du collège Mazarin, où l’abbé de La Caille a démontré le premier la variation de l’obliquité de l’écliptique, — celui du couvent des Capucins de la rue Saint-Honoré, qui possédait d’excellens instrumens à l’aide desquels Lemonnier observa pendant plus de soixante ans les positions et la figure de la lune. À l’observatoire de Sainte-Geneviève, Pingre étudiait toutes les comètes qui se montraient dans le ciel ; au Collège de France, Jérôme de La Lande initiait aux calculs théoriques et à l’astronomie pratique quelques élèves choisis tels que Véron et Piazzi, qui se sont fait plus tard un nom par leurs travaux ; à l’École militaire, d’Agelet, Jérôme de La Lande et Michel Le François de La Lande ont préparé la première Histoire céleste française, qui sert de base au célèbre catalogue d’étoiles publié par la Société royale de Londres. En province, nous avions les observatoires de Lyon, de Bourg-en-Bresse, de Dijon, de Toulouse, de Marseille, de Viviers, celui de Montpellier, construit aux frais des états-généraux du Languedoc, et une foule d’autres moins connus. La Grande-Bretagne et ses colonies ne possédaient à la même époque que vingt-six observatoires, à peine la moitié du nombre qu’elles déclarent aujourd’hui avec orgueil. Les guerres qui ont ensanglanté les dernières années du XVIIIe siècle et les premières années du siècle actuel réduisirent à l’inactivité la plupart de ces établissemens, et plus d’un fut fermé pour toujours. En France, les corporations religieuses avaient été dispersées, les universités de province étaient supprimées, et l’état jugeait nécessaire de concentrer toutes ses ressources sur un seul établissement, l’Observatoire de Paris ; les observatoires de province disparurent presque tous successivement, de sorte que vers 1850 un seul était debout, celui de Marseille, que M. Valz s’efforçait encore de galvaniser par de persévérans efforts. Depuis lors cet établissement, qui ne répondait plus à l’état de la science, a été remplacé par le bel observatoire de Longchamps, et à Toulouse aussi on s’occupe de mettre l’observatoire en état de reprendre son ancien rang ; il est question de rétablir les observatoires de Lyon et de Bordeaux, d’en fonder un à Besançon. C’est le moment de nous demander où en est l’astronomie pratique dans les autres pays, et ce qui nous reste à faire pour reconquérir à leur égard notre situation passée. La publication que deux astronomes de l’Observatoire de Paris, MM. André et Rayet, ont entreprise sur les Observatoires en Europe et en Amérique, depuis le milieu du dix-septième siècle jusqu’à nos jours, ne pouvait donc venir plus à propos. Déjà nous avons sous les yeux l’histoire des observatoires de la Grande-Bretagne et de ses colonies, et on nous saura gré d’y puiser quelques détails curieux.

L’observatoire royal de Greenwich l’emporte de beaucoup, par ses travaux passés comme par sa situation présente, sur les autres établissemens du même genre que possèdent les Anglais. Il a été fondé en