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L’ANGLETERRE
ET LES
NOUVEAUX COURANS DE LA VIE ANGLAISE

II.
LES TRADITIONS ET LE NOUVEAU LIBERALISME ANGLAIS.


I.

Dans une précédente étude[1], j’ai cherché à montrer comment l’Angleterre s’éloignait de plus en plus de sa vieille constitution sociale et morale, comment déjà par suite de ses réformes démocratiques la direction du pays échappait aux mains de la classe qui avait fondé ses libertés, et comment s’était rompu chez elle l’accord de la raison et de la foi traditionnelle auquel elle avait dû sa remarquable unité d’esprit. Il ne faudrait pas pourtant conclure de là que l’Angleterre soit tout simplement entraînée vers une crise sociale et démocratique comme celle où nous nous débattons nous-mêmes. En général, nous sommes beaucoup trop portés à supposer que nos tendances, nos antagonismes, notre esprit révolutionnaire, en un mot tout ce qui existe chez nous ne peut manquer de se produire ailleurs. La France est malade, nous sommes obligés de le reconnaître ; mais nous trouvons moyen de tirer de notre maladie même

  1. Voyez la Revue du 1er septembre.