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sur une population de 26 millions d’habitans que 528,932 électeurs, c’est-à-dire 2,2 sur 100 habitans. On en compte en France 12,76 sur 100 ; en Suisse, 10,17 ; en Allemagne, 9,9. M. Cairoli proposa résolument, le 16 décembre 1873, l’adoption du suffrage universel. L’article soumis par lui à la chambre des députés italiens était ainsi conçu : « Sont électeurs tous les Italiens domiciliés dans le royaume, ayant vingt et un ans, et sachant lire et écrire. » Il est plus que probable que le parlement ne passera pas tout à coup du système restreint au suffrage universel, au moment où quelques-uns des pays où il est en vigueur sont à la recherche des moyens d’en corriger les inconvéniens, en modifiant les conditions requises pour la capacité électorale.

Les dépenses votées pour l’enseignement populaire, et dont tous les Italiens comprendront la nécessité, ne peuvent aujourd’hui se faire que dans une mesure assez restreinte ; elles ne deviendront possibles qu’à la longue, c’est-à-dire lorsque le permettront les finances de l’Italie, dont une partie considérable est absorbée comme dans toutes les nations de l’Europe par le budget de la guerre. Les communes, qui contribuent pour la presque totalité aux frais de l’instruction primaire, sont tellement surchargées qu’il leur est difficile d’augmenter leur contribution. Le gouvernement italien avait proposé d’élever le traitement des instituteurs ruraux, qui aurait été, d’après la nouvelle loi, pour ceux du premier degré de 900, 800 et 700 francs, et pour ceux du second degré de 700, 650 et 600 francs. À cette amélioration devait s’ajouter plus tard l’organisation d’une caisse de retraite. Le rejet de la loi Scialoja a encore ajourné une amélioration si désirable.

En Italie, où il a fallu presque tout improviser en fait d’éducation populaire, il a été plus facile de trouver des écoles et des élèves que des maîtres et des maîtresses. C’est avec le temps seulement que pourront se former les personnes pourvues d’une instruction convenable. On s’est occupé avec un louable empressement de fonder des écoles normales, et à leur défaut des écoles magistrales pour l’enseignement le plus élémentaire. Plus tard, le niveau de l’instruction donnée aux enfans des deux sexes devra s’élever, ce qui exigera dans les maîtres une plus grande étendue de savoir. Plusieurs écoles normales ont déjà élargi les programmes de leur enseignement. On peut signaler comme une des cités qui travaillent avec le plus d’ardeur au progrès de leurs écoles la ville de Florence, administrée par ses autorités municipales avec une rare intelligence. L’année dernière, il a été décidé que des cours complémentaires seraient, dans l’école normale des institutrices, ajoutés à l’enseignement ordinaire. L’histoire et la littérature y prendront un