Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 5.djvu/345

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L’INSTRUCTION PUBLIQUE
EN ITALIE


I.

Devenue maîtresse d’elle-même après les événemens mémorables qui lui ont fait conquérir son unité, l’Italie a pensé avec raison qu’un de ses premiers besoins était de réformer complètement son enseignement public, afin de le mettre en harmonie avec les nouvelles institutions sociales et politiques qu’elle s’était données. Ce n’était pas une tâche facile : la question de l’instruction publique, indépendamment des difficultés générales qu’elle rencontre dans tous les pays de l’Europe, en offrait de particulières à l’Italie. Les nombreux états dont devait se composer le nouveau royaume avaient été soumis à des régimes et à des gouvernemens si divers qu’il était impossible d’établir quelque unité dans la législation sans avoir à lutter contre les obstacles que rencontrent toutes les tentatives lorsqu’elles ont pour but de faire disparaître des habitudes qu’un long usage semble avoir consacrées.

La plus grande difficulté qu’aient eu à surmonter tous les ministres qui depuis 1859 ont été placés à la tête de l’enseignement public a été de restituer à la société laïque une place occupée presque exclusivement par les congrégations religieuses. Nulle part la lutte engagée contre l’influence cléricale n’a été plus vive qu’en Italie, car nulle part le clergé ne possédait une plus grande puissance, et l’on pouvait prévoir avec quelle énergie et quelle persévérance il chercherait à la conserver. La question de l’enseignement public se rattache nécessairement à celle de la séparation de l’état et de l’église, et c’est sur cette question que la lutte s’est engagée entre les partisans du régime nouveau et les défenseurs des institutions du passé.