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qu’il faut adresser cette question : c’est à proprement parler une demande d’autorisation qu’il convient d’envoyer au ministre compétent et aux archivistes ou bibliothécaires obligeans. De semblables questions ne sauraient constituer un programme didactique. Ce qui doit évidemment préoccuper surtout le sixième groupe, c’est, nous le répétons, la question capitale de la méthode. Il faut, au moment où nous sommes, chercher les moyens de rendre l’enseignement de la géographie aussi sérieux que possible, tout en lui donnant l’attrait sans lequel il n’y a ni professeur écouté ni élèves attentifs ; il faut intéresser et gagner les enfans comme les hommes, — plus que les hommes. Il est temps de renoncer à exercer exclusivement la mémoire en fatiguant l’esprit par de vaines nomenclatures. Il faut en second lieu rédiger un programme d’études géographiques où les matières s’enchaînent étroitement, où les divisions qu’on croit devoir adopter soient justifiées et les classifications raisonnées. Voilà ce qu’il faut proposer aux méditations des savans du congrès de Paris. Aussi bien quelques-uns ont-ils déjà leurs systèmes tout préparés, éprouvés même et déjà mûris par l’expérience. Comparer entre eux ces divers systèmes, préconiser ceux qui ont donné les meilleurs résultats, c’est là ce qui serait vraiment à l’ordre du jour, et c’est à cette heure la chose capitale à trouver, à formuler et à répandre. Grâce à l’extension extraordinaire qu’a prise la géographie par l’adjonction de tant de sciences autrefois étrangères à ses études, il importe surtout, — on le comprend sans peine, — d’éviter la confusion et le désordre, de ne pas se laisser détourner de son objet principal en contenant dans de justes limites les prétentions envahissantes de certaines branches et de maintenir entre elles un équilibre devenu plus que jamais nécessaire. Osons dire que ce qu’on attend d’une société de géographie française plus que d’aucune autre en Europe, c’est sinon une solution toute faite, au moins un appel intelligent et opportun à cet esprit de méthode qui a toujours dirigé les travaux de nos hommes d’étude, a produit les leçons fructueuses de nos professeurs et fait l’honneur de notre enseignement national.

Ces observations peuvent s’appliquer à aussi bon droit au programme du septième et dernier groupe, celui des voyages. Cependant une des questions qui y figurent, question si vaste qu’elle semble n’avoir d’autres bornes que celles du monde, sollicite toute espèce de relations de voyages en pays peu connus et de descriptions générales des contrées nouvellement explorées. Ceci demandait à être divisé et précisé. Quant au reste, nous ne comprenons guère des questions rédigées comme celle-ci : « quelle conduite doit tenir un voyageur dans un milieu fanatique, particulièrement lorsqu’il est en butte à des menaces ? » C’est là le catéchisme du