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des travaux antérieurs ; le procédé de la table rase est bon sans doute en philosophie, mais il n’est pas de mise dans les sciences d’observation, surtout quand on arrive à des résultats en beaucoup de points identiques à ceux des devanciers.

Le groupe de la géographie physique promettait de fournir un si grand nombre de questions nouvelles qu’il a fallu le dédoubler. MM. Cosson, Daubrée, de Quatrefages, Delesse, Hamy, Jules Garnier, se sont donc partagés en deux sections, et ont rédigé deux programmes distincts. En faisant maintenir dans le second de ces programmes la question de la lithologie du fond des mers, M. Delesse a vraiment fait preuve de modestie. Le groupe de la géographie physique n’a pas posé moins de quarante questions, parmi lesquelles prennent une large place celles qui touchent aux climats, à la distribution de la pluie, aux gîtes de combustibles, question d’un intérêt capital pour l’avenir du monde, et qui a été traitée avec talent par M. Dupaigne, auteur d’un livre sur les Montagnes du globe. On attire d’abord notre attention sur les rapports des animaux et des plantes des époques tertiaire et quaternaire avec ceux de l’époque actuelle. On demande en second lieu quelle influence le climat peut avoir sur la végétation, et quelle part ont les agens de dispersion des semences dans la distribution géographique des espèces végétales. — Les animaux viennent ensuite réclamer leur place dans cet inventaire du monde physique ; bien des problèmes restent à résoudre : par exemple les espèces de l’Amérique du Nord et celles de l’Asie septentrionale appartiennent-elles au même foyer de production ? Nous touchons ici aux questions qui ont si fort préoccupé Humboldt il y a trois quarts de siècle. Enfin l’homme apparaît à son tour dans le monde, et les animaux suivent ses pas, les plantes elles-mêmes l’accompagnent dans ses migrations. D’autres, attachées au sol où leur premier germe s’est développé, demeurent comme signes caractéristiques des grandes régions naturelles ; mais, si la présence de l’homme modifie et renouvelle la face de la nature, quels changemens fait subir son action souvent imprévoyante à la flore d’une région par le déboisement, le défrichement ou la culture ?

La distribution des races humaines préhistoriques, leurs rapports avec les races actuelles et la répartition de ces dernières à la surface du globe fournissent une autre série de questions. Une des plus intéressantes est celle qui concerne l’expansion des races humaines depuis les grandes découvertes modernes, leurs migrations, leurs transplantations, leur acclimatement et la substitution des races les unes aux autres. On nous dira peut-être pour quelles causes le fellah languit et meurt loin du ciel sans nuage et des eaux nourrissantes