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Vespuce et Sébastien Cabot ne s’en prenaient ni à leurs observations défectueuses, ni à leurs méthodes ; ils accusaient de ces déceptions l’irrégularité des mouvemens planétaires et les erreurs typographiques de Regiomontanus. Le roi d’Angleterre, Charles II, résolut de procurer aux marins des éphémérides plus exactes. Le h mai 1675, il fonda l’observatoire de Greenwich et lui donna pour mission « la rectification des tables où se trouvaient inscrits les mouvemens des corps célestes. »

Que pouvait-on faire encore pour hâter l’éclosion du grand œuvre astronomique ? Ce que fit Hadley en 1732 lorsqu’il inventa son octant et fournit ainsi aux marins le moyen d’observer avec une précision inconnue jusqu’alors les distances de la lune au soleil, aux planètes et aux étoiles les plus brillantes. Réduites par le calcul à ce qu’elles eussent été, si on les avait observées du centre de la terre, ces distances, on les retrouvait dans le Nautical Almanach de Greenwich. Les calculs de l’astronome et l’observation du marin fixaient pour le même instant la position de la lune dans le ciel ; mais l’astronome avait en outre marqué dans ses tables l’heure correspondante du méridien de Greenwich ; il ne restait plus au marin qu’à en rapprocher l’heure du lieu où il observait pour avoir sa longitude.

Vers la fin du XVIIIe siècle, on ne comptait plus qu’une minute environ d’erreur dans les déterminations des éphémérides, une autre minute du fait même de l’observateur. La lenteur du mouvement de la lune cependant est telle que ces deux minutes emportaient près d’un degré d’indécision dans la connaissance de la longitude. En 1714, le parlement anglais offrit 20,000 livres sterling. (un demi-million de francs) à qui découvrirait le moyen d’atteindre à la précision du demi-degré. Une erreur d’un demi-degré ne représente qu’un mécompte de dix lieues sur l’équateur, de sept seulement sur le parallèle moyen.

L’astronomie n’était malheureusement pas en mesure de mériter au temps de la reine Anne un prix si magnifique. Elle le serait à peine aujourd’hui. Sur l’indication de Newton, l’astronomie prit le parti d’appeler la mécanique à son aide. Elle demanda aux horlogers de Londres de lui construire une horloge portative, une montre en un mot, dont la somme des écarts n’excédât pas deux minutes de temps après quarante-deux jours de traversée. De cette façon le master anglais n’aurait plus à demander aux distances lunaires l’heure du méridien de Greenwich ; il remporterait sous clé à bord de son vaisseau.

L’art de mesurer le temps avait fait un pas gigantesque au XVIIe siècle. Les clepsydres, dans lesquelles la chute de l’eau, modérée