Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 4.djvu/946

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
940
REVUE DES DEUX MONDES.

toute sympathique que l’ambassadeur avait trouvée dès son arrivée à Paris. M, le duc Decazes y joint de plus une réponse parfaitement nette et catégorique, où il précise et détruit la plupart de ces griefs qui ornent les journaux depuis quelque temps. Ce qui est certain, c’est que, si les carlistes ont trouvé quelques facilités sur notre frontière, ils ont trouvé encore plus d’obstacles, et si les autorités françaises n’exercent pas une surveillance absolument efficace, c’est qu’elles ne sont pas toujours secondées par les autorités espagnoles elles-mêmes. Ce qui n’est pas moins certain, c’est que les plus grands secours en armes, en munitions, en artillerie, arrivent aux carlistes par la côte, par la Bidassoa. Tout se réduisait donc à une discussion sans gravité entre l’Espagne, préoccupée de la guerre qu’elle soutient, et la France, qui ne peut avoir aucune sympathie pour les carlistes, qui est la première intéressée à voir cette lutte se terminer promptement, qui ne demande pas mieux que d’avoir une occasion de reconnaître officiellement le gouvernement de Madrid.

La question serait restée assez simple, si elle ne s’était compliquée par l’intervention de l’Allemagne, qui a trouvé un facile prétexte dans l’exécution du capitaine Schmidt par les carlistes. M, de Bismarck s’est senti tout d’un coup pris d’une sympathie des plus démonstratives pour le gouvernement de Madrid, au point de se mêler de ses affaires auprès du gouvernement français et même auprès de tous les autres cabinets. Que M. de Bismarck cherche à prendre pied au-delà des Pyrénées et que cette politique ne soit pas inspirée par un sentiment d’amitié pour la France, nous pouvons nous en douter. Qu’il veuille intervenir sérieusement en Espagne, ce n’est guère probable. D’abord il se créerait des embarras inextricables, et de plus il n’ignore pas la profonde répugnance avec laquelle l’Angleterre verrait toute intervention. Au bout du compte, qu’aura obtenu M. de Bismarck ? Il aura contribué à faire reconnaître le gouvernement de Madrid par l’Europe, c’est possible. C’est un acte qui n’aurait plus tardé longtemps, et pour le gouvernement espagnol le meilleur moyen de donner à cette reconnaissance toute sa valeur, c’est d’en finir par ses propres forces avec l’insurrection carliste.

CH. DE MAZADE.


REVUE DRAMATIQUE.


Théâtre-Français, Zaïre. — Opéra, l’Esclave.


Au théâtre, il n’est guère plus aisé de bien parler, de bien dire, que <3e bien chanter. Jadis, du temps que florissait la tragédie française, le