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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 août 1874.


L’assemblée nationale a donc pris son congé pour quatre mois, elle est partie en toute hâte, comme si elle craignait de donner encore un jour aux affaires publiques, comme si elle avait peur de rester une heure de plus en face de ses propres divisions. Tout ce monde parlementaire s’est dispersé, aussi impatient que le jeune monde des lycées à qui on distribuait récemment des couronnes, — et voilà le silence qui règne à Versailles ! Nos souverains s’en vont aux champs, à leurs affaires, aux bains de mer, aux Pyrénées, demain ils seront à l’ouverture de la chasse, et avant de partir ils se sont fait à eux-mêmes ce singulier compliment, que ces vacances qu’ils se donnaient allaient du moins être un temps de repos pour le pays. On se consolerait bien en effet de ne point attendre chaque soir des nouvelles de Versailles, si c’était un vrai repos entre une féconde session d’été et les promesses d’une fructueuse session d’hiver, si le pays pouvait goûter sans préoccupation et sans trouble la sécurité d’un avenir garanti, si la politique n’était pas toujours à la merci des incidens et de l’imprévu, si les partis enfin consentaient pour un instant à désarmer, à suspendre leurs égoïstes et meurtrières querelles. Ce seraient alors des vacances utiles, calmantes et réparatrices ; mais quoi ! on est à peine aux premiers jours de ce repos tant désiré, et déjà les questions, les incidens, se succèdent, le malaise éclate dans la politique extérieure comme dans la politique intérieure.

M. l’archevêque de Paris juge sans doute que les mandemens épiscopaux du dernier hiver ne nous ont pas créé assez d’embarras, et encore une fois il parle de façon à provoquer les susceptibilités de l’Italie. D’autres pensent probablement que nous n’avons pas assez de nos propres difficultés, et ils se font au-delà des Pyrénées les auxiliaires du prétendant don Carlos au risque d’exposer notre gouvernement à des accusations de connivence en offrant à M. de Bismarck un prétexte oh une occasion de se mêler des affaires de l’Espagne. Si les partis ne