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LES
NOUVELLES COULEURS
DÉRIVÉES DU GOUDRON DE HOUILLE

L’imagination des hommes a été de tout temps fascinée par les trésors qui se cachent dans le sein de la terre. Quel rêve qu’une mine d’or qu’on découvre en un coin de pays ignoré et délaissé ! Pourtant, à y regarder de près, ces sortes de trouvailles sont moins brillantes qu’elles ne le paraissent de loin, car du gîte aurifère aux caves de la banque où l’on dépose ses barils d’or le chemin est long, et heureux qui ne meurt pas en route ! L’or et l’argent coûtent cher lorsqu’il faut les retirer à grands frais d’un sol rebelle ; quand le comte de Provence voulut exploiter la mine de la Gardette, en Dauphiné, il y dépensa 27,000 livres pour en gagner 8,000. La nature a semé partout à profusion et mis à notre portée des trésors plus accessibles, qui s’offrent pour ainsi dire d’eux-mêmes ; il ne s’agit que de les voir. Dans la plus humble matière, sous les apparences les plus rebutantes, la chimie sait découvrir une mine de richesse, et une expérience de laboratoire peut devenir en quelques années le point de départ d’une florissante industrie. Et comme, suivant un vieux proverbe, le profit de l’un est dommage de l’autre, gare à ceux qui s’endorment dans une imprévoyante routine, sur la foi d’un monopole séculaire !

Née d’hier, la grande industrie chimique a déjà opéré bien des révolutions subites, déplacé bien des courans commerciaux. Des matières connues de temps immémorial, méprisées et délaissées, ont pris tout à coup une importance capitale et sont devenues une source de prospérité pour les pays qui les possèdent, tandis que