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par les états-généraux capitaine-général et amiral de l’union, ces princes, d’accord avec le conseil et sous l’autorité supérieure des états, avaient eu le commandement des forces de terre et de mer.

La Frise et parfois Drenthe, Groningue et même Utrecht, eurent leurs stathouders spéciaux. Ce ne fut que Guillaume IV qui fut enfin stathouder des sept provinces. L’article de l’union d’Utrecht portait qu’en cas de désaccord entre les provinces sur un point qui exigeait l’unanimité « l’affaire serait remise, par provision, au jugement de MM. les stathouders des susdites provinces, qui décideront de ce différend, et si les stathouders ne peuvent point s’accorder, ils choisiront des assesseurs et adjoints, et les parties seront tenues de se soumettre à la décision intervenue. » Ce rôle de conciliateur et de haut arbitre aurait pu devenir très important; les circonstances y mirent obstacle, et on ne parvint pas à réglementer cette intervention du stathoudérat.

En 1609, on proposa de déférer les jugemens des différends entre les provinces au conseil d’état, présidé par le prince Maurice, mais l’opposition d’Olden Barneveld fit échouer la proposition. Dans la réunion extraordinaire des délégués provinciaux de 1651, qui était presque une assemblée constituante, on reprit le même projet sans qu’on arrivât encore à s’entendre. En 1663, la proposition, reprise par la Hollande, fut repoussée par les autres provinces. Ainsi, au lieu de fortifier l’autorité fédérale, on continua de l’affaiblir; néanmoins l’influence personnelle des stathouders contribua beaucoup à vider les différends et à prévenir les chocs des jalousies provinciales.

Ils semblaient aussi représenter la république vis-à-vis de l’étranger, quoiqu’ils n’eussent à cet égard aucun pouvoir essentiel. Dans le traité de paix de 1654 avec l’Angleterre, cette puissance exigea que ce traité fût confirmé par le serment du stathouder, parce qu’on pensait que cet engagement personnel pouvait seul donner une base solide à un contrat international. Les stathouders recevaient en cette qualité un traitement de 24,000 florins, 120,000 florins comme capitaine-général de l’armée, et comme amiral le dixième de toutes les prises maritimes faites sur l’ennemi.

Le stathoudérat fut occupé, on le sait, par une suite de princes éminens. C’est d’abord le Taciturne, grand caractère et puissant esprit, à qui l’humanité doit l’indépendance des Pays-Bas, et par suite probablement le triomphe de la liberté dans le monde moderne, puis Maurice, son fils, de 1583 à 1625, le premier capitaine de son temps suivant Henri IV ; il était le véritable chef de la république sans même avoir été nommé capitaine-général des armées. Frédéric-Henri, frère de Maurice, fut stathouder de cinq provinces de 1625 à 1647. Le premier, il reçut le titre de « son altesse, » zyne