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ces cinq collèges indépendans était l’autorité de l’amiral-général. Les princes d’Orange, qui joignaient cette haute fonction à celle de stathouder et de capitaine-général, parvenaient, par suite de leur influence prépondérante, à imprimer une certaine unité aux efforts des différentes provinces; seulement, quand cette autorité cessait de se faire sentir, le service de la marine en souffrait.

Les collèges de l’amirauté étaient subordonnés aux états-généraux, à qui ils prêtaient serment, et ils devaient leur soumettre régulièrement un état de leurs recettes et de leurs dépenses. Ces collèges disposaient des revenus spéciaux provenant du convoyage des navires marchands, des licences des prises en temps de guerre, des subsides des provinces en temps de paix. Ils ordonnaient et surveillaient la construction des navires, ainsi que l’approvisionnement, dont se chargeait chaque capitaine. Il résultait de cette organisation que chaque circonscription avait sa flotte. Dans les batailles navales, on voit combattre côte à côte et lutter de courage les vaisseaux de la Zélande, de la Hollande et de la Frise. L’émulation du patriotisme poussait chaque province à faire le plus qu’elle pouvait. Cette noble concurrence donnait aux grandes époques de l’héroïsme national de meilleurs résultats que la volonté suprême d’un despotisme militaire. On admet assez généralement que l’organisation territoriale de l’armée allemande en corps provinciaux éveille une heureuse rivalité à bien faire, que l’on a vue reparaître également en France en 1870 entre les différens corps de volontaires.

De temps à autre avait lieu à La Haye une réunion de délégués des cinq collèges de l’amirauté; elle déterminait le nombre des vaisseaux à armer par chaque collège et l’emploi qui devait en être fait. Après loi 8, cette réunion eut lieu tous les ans sous le nom de Haagsche besoignes. Ces assemblées introduisirent plus d’unité dans l’administration de la marine, et en même temps elles rendirent bien plus fréquente et plus décisive l’intervention des états-généraux.

Les finances de la république étaient administrées par deux hauts fonctionnaires, le trésorier-général, qui était responsable du paiement exact des subsides, des impôts, et le receveur-général, qui en opérait la rentrée; mais à côté d’eux siégeaient aussi deux collèges : la cour des comptes (Reken-kamer) et la chambre des finances (Finantie-kamer). Le premier de ces collèges, composé de deux délégués de chaque province, contrôlait tout le service financier, la rentrée et la sortie des fonds et la comptabilité du trésorier-général. C’est le modèle des institutions du même genre introduites aujourd’hui à peu près partout. On ne connaît pas assez les progrès en tout genre que nous devons à l’esprit pratique et juste des Néerlandais, et qui leur ont été empruntés par leurs voisins.

Le revenu de l’union se formait du produit de sa loterie, du