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grosses afin de pouvoir supporter sans se rompre des poids considérables : elles avaient 3 centimètres de circonférence ; les nouvelles, faites avec le meilleur chanvre d’Italie, n’ont que 25 millimètres. Une longueur de 100 mètres pèse 1 kilogramme de moins que celles qui étaient en usage. Le poids de ces dernières était encore augmenté par l’eau dont elles s’imbibaient pendant leur séjour dans la mer. Un vernis composé d’huile et de cire empêche les lignes actuelles de se pénétrer d’eau et favorise leur glissement : c’est au point qu’après un séjour dans la mer de vingt-quatre heures ces lignes perfectionnées supportent sans se rompre un poids de 582 kilogrammes, tandis que les anciennes se cassaient sous une charge de 235 kilogrammes. En résumé, la ligne nouvelle, pesant 1 dixième de moins, a trois fois la force de celle qu’on employait auparavant.

Nous avons dit qu’on estimait jadis la profondeur à laquelle la sonde était descendue en comptant les chevrons colorés échelonnés le long de la ligne, et indiquant des intervalles de 10 mètres, 50 mètres, 100 mètres, etc. Cette estimation n’était qu’approximative. En effet, en mer un navire, quoiqu’à sec de voiles, n’est jamais immobile même par le temps le plus calme; il se déplace toujours, poussé par le vent le plus faible ou entraîné par un courant insensible. La ligne ne reste donc pas verticale, elle s’incline, et le nombre de nœuds que l’on compte lorsqu’elle remonte donne une profondeur plus grande que la profondeur réelle. On s’efforçait de corriger cette erreur en appréciant l’angle que la ligne faisait avec la verticale et en réduisant la longueur par un calcul élémentaire de trigonométrie, mais cette correction n’était qu’approximative. Le bathomètre de M. Massey donne des résultats excellens sans nécessiter une attention soutenue pendant qu’on retire la sonde, comme dans l’ancienne méthode. On fixe sur la ligne, à 5 ou 6 mètres au-dessus des poids, un cylindre creux et plat contenant une hélice qui est mise en mouvement par le courant d’eau qui traverse le cylindre pendant que la sonde descend. L’axe de cette hélice communique avec un pignon qui porte une aiguille; tous les 30 mètres, celle-ci fait le tour du cadran. Sur un second cadran, placé à côté du premier et portant une autre aiguille, celle-ci ne se déplace que d’une seule division pour 30 mètres. L’inspection des deux cadrans, quand la sonde revient à la surface, indique la profondeur à laquelle elle est parvenue. Qu’elle soit descendue vite ou lentement, le résultat est exactement le même.

Le récit d’une sonde exécutée par le Porcupine dans la baie de Biscaye, par 47° 38’ de latitude et 14° 28’ de longitude ouest de Paris, donnera une idée de la rapidité de l’opération. C’était le 22 juillet 1869 par un beau temps et une légère brise de nord-est. Un