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L’Australie éveillait à cette époque un intérêt général; les Anglais prévoyaient l’avenir de ce nouveau continent. C’est pour déterminer exactement la configuration de ses côtes que le capitaine Flinders, déjà familier avec cette navigation, partit sur la corvette Investigator avec le célèbre botaniste Robert Brown, dont les travaux sur la flore de ce continent ont fait faire un pas immense à la connaissance du règne végétal.

Dans les premières années du siècle, les Russes entrèrent en scène par le voyage de Krusenstern, exécuté de 1803 à 1806 sur l’Espérance et la Neva, avec l’astronome Horner et les naturalistes Tilesius et Langsdorff. Les guerres incessantes du premier empire, suivies de deux invasions, arrêtèrent l’heureux élan qui s’était manifesté chez toutes les nations maritimes. Les Russes furent les premiers à profiter de la paix pour compléter et accroître les découvertes de Krusenstern. Otto de Kotzebue, sur le brick le Rurik armé aux frais du comte Romanzof, fit un voyage de circumnavigation, accompagné des naturalistes Chamisso et Escholtz, qui dura de 1815 à 1817. C’est dans ce voyage que Chamisso, à la fois savant et poète allemand d’origine française, eut la première intuition des générations alternantes en observant des mollusques de l’ordre des tuniciers et du genre Salpa. Cet aperçu a été le point de départ d’une foule d’observations analogues qui ont jeté le plus grand jour sur la genèse des animaux et des végétaux inférieurs. De 1823 à 1826, Kotzebue fit un second voyage autour du monde avec Escholtz, qui l’avait accompagné dans le premier, où il avait rencontré au Cap la corvette française l’Uranie, commandée par M. de Freycynet. Partie de Toulon le 17 septembre 1817, elle revint au Havre le 13 novembre 1820 avec les zoologistes Quoy et Gaymard et le botaniste Gaudichaud, dont les travaux respectifs ont été publiés dans la relation du voyage.

Le gouvernement de la restauration témoigna de son zèle soutenu pour la science en ordonnant un nouveau voyage de circumnavigation. Le capitaine Duperrey, qui avait déjà fait le tour du monde sur l’Uranie, prit le commandement de la corvette la Coquille : elle partit de Toulon le 11 août 1822 avec les naturalistes Lesson et Carnot. Dumont d’Urville, à la fois navigateur, botaniste et philologue, était le second du navire, qui ne revint qu’en avril 1825, après un voyage fructueux pour la géographie, le magnétisme terrestre et l’histoire naturelle, sans avoir perdu un seul homme pendant une si longue campagne. L’année 1826 vit partir à la fois de Cronstadt l’amiral Lütke avec les naturalistes Lenz, Postels et Kittliz, et de Toulon le capitaine Dumont d’Urville sur l’Astrolabe avec Quoy, Gaymard et Lesson jeune. C’est dans ce voyage que d’Urville retrouva les traces du naufrage de La Pérouse sur l’île de